• La force des émotions : Briser les normes et reconnaître l’importance de notre vécu émotionnel

    « Sois raisonnable ! », « Ne pleure pas, reste digne » etc. voilà ce que nous pouvons nous dire à nous même lorsque nous recevons une décharge émotionnelle importante. Dû à notre éducation, pour beaucoup, on a le vieux rêve de ne rien éprouver, surtout les émotions négatives. Il faut être serein.e. Or, accompagner une personne en coaching, c’est la prendre dans son individualité avec sa carte du monde, c’est-dire la façon dont elle s’appréhende, sa façon de penser ses relations, son rapport aux autres, etc.

    Sans rentrer dans l’éternel débat de avoir si le femmes sont plus émotionnelles que les hommes, je me demande simplement si: reniées et refoulées, en quoi nos émotions sont-elles utiles ?

    Il y a la pression que l’on se met

    On voudrait se sentir « serein.e», c’est-à-dire pouvoir réguler nos émotions pour que celles-ci ne nous affectent pas, malgré les difficultés que nous pouvons rencontrer sur notre chemin. Le bonheur souvent venté pourrait être comparé à l’impassibilité, on ne ressent aucunes émotions négatives car elles sont mauvaises.

    Aussi, montrer ses émotions, c’est dévoiler ses faiblesses, là où le bât blesse…parce que souvent l’émotion est douloureuse et qu’elle révèle notre intimité. Elle peut nous chambouler psychiquement comme physiquement :

    • Physiquement : mal de tête, stress, sensation d’oppression, sidération, maux intestinaux
    • Mentalement : Parce que nous rêvons d’une vie fluide et sans tracas

    Cependant, vivre, apprendre, c’est faire des expériences, et les émotions nous permettent de les percevoir en trois dimensions, d’appréhender notre monde sous tous ses aspects. Par exemple, je me sens triste parce que quelque chose me manque ou me blesse, donc qu’une situation est à changer ou à accepter. Je saurai qu’il faut surpasser la situation que si je reçois ce signal dérangeant.

    Puis la pression sociale

    L’époque qui est à l’individualisme, à la réussite et au culte de l’image triomphants, veut que nous restions maîtres de nous-même. Cette situation engendre à mon sens des risques psychosociaux comme la dépression car nous nous retrouvons seuls, sourds et muets face à l’impression de ne pas réussir comme il faut ou comme il le faudrait. Or, si se faire accompagner c’est s’orienter vers une recherche de solutions, les émotions nous renseignent quant à l’état d’esprit de la personne et sa façon d’interagir avec son monde…on ne peut pas faire sans elles.

    Pourtant nos émotions nous interrogent

    Les émotions dérangent. On s’interroge souvent dans son for intérieur sur nos émotions de peur, de colère, de tristesse et de joie : ma peur est-elle fondée, ma colère justifiée ou ma tristesse légitime ? Souvent comprimées, elles sont pourtant le canal de nos états d’âme et nous signifient comment réagir face à la menace ou au danger par exemple. A titre d’illustration, la tristesse ne nous dit-elle pas que nous avons besoin d’un temps d’arrêt pour penser/repenser une situation ?

    Si elles relèvent de la sphère personnelle, la plus part du temps on fait tout pour refouler les émotions, elles nous dérangent car elles interrogent notre intime. Pourtant, les exprimer permet de définir le périmètre de nos satisfactions comme de nos peurs, de nos frustrations, de nos colères etc. Accueillir nos émotions est le meilleur moyen de comprendre nos défis ou nos objectifs, que ces derniers soient grands ou petits.

  • Les sacrifices personnels des femmes dans une société en évolution : Entre conditionnements et choix

    La démocratie conjugale est extrêmement récente. En France, les femmes peuvent ouvrir un compte bancaire depuis 1962 seulement. Aussi, les droits à la contraception et à l’avortement sont arrivés encore plus tard. Par conséquent, les rôles sociaux sont encore très divisés entre les hommes et les femmes. Tout cela implique encore des sacrifices personnels, dans leurs choix de vie, pour les femmes.

    Lors de l’émission radiophonique Radioscopie de 1973, Gisèle Halimi, la célèbre avocate qui défendait les droits des femmes lance, en parlant d’avortement, lance « la liberté c’est le choix ». Elle dit avec cette simple phrase que l’avortement est l’acte de liberté par excellence. La preuve en est que lorsque la femme est frustrée de ce pouvoir sur soi-même, elle est capable d’aller jusqu’à l’avortement clandestin susceptible de lui couter la vie. L’interruption volontaire de grossesse est dépénalisée en 1975 par la loi Veil. Cela après la loi Neuwirth de 1967 qui légalise le droit à la contraception. Ces deux dates marquent une révolution dans la détermination des choix personnels des femmes.

    Mais cela veut-il dire que les femmes, aujourd’hui, sont exemptées de sacrifices personnels au cours de leur existence ? Comment cela se traduit-il ?

    L’ambition professionnelle des femmes, un choix sacrificiel ?

    Dans les mythes, le sacrifice, c’est la séparation du vivant et de l’au-delà, c’est une dette que l’on doit payer. On peut remonter le destin sacrificiel des femmes, au moins à l’antiquité, avec le sacrifice d’Iphigénie. C’était la fille du roi Agamemnon, sacrifiée à la déesse, Artémis, pour gagner la guerre de Troie. Amenée jusqu’à l’autel sacrificiel, la jeune femme sera sacrifiée. Ce passage discret de l’Illiade laisse cependant son empreinte au cours de l’histoire et dans l’ensemble des mythes. En effet, selon la psychanalyste Anne Dufourmantelle, « la jeune fille éternelle doit d’une certaine façon mourir lorsqu’elle devient mère ». Les responsabilités et la sagesse de l’effacement doivent transcender jeunesse et naïveté. Si les femmes ne sont pas forcément mères, les enfants augmentent le devoir domestique. Ce devoir domestique influe sur la la notion de choix d’itinéraire de vie.

    L’enjeu serait d’aménager son temps pour ne plus avoir de freins à son ambition

    Nathalie Loiseau, est autrice du livre « choisissez tout ». Elle se demande pourquoi les femmes devraient-être dans un principe de précaution pour ne surtout pas déranger ? Elle établit ainsi que les femmes doutent quant à leur légitimité « d’en vouloir ». Ces doutent glissent vers de la culpabilité de ne pas pouvoir se trouver au four et au moulin. Aussi, on n’a pas appris aux femmes à oser un certain nombre de choses (ex. faire valoir ses compétences, demander une augmentation, etc.). Et on a pas appris aux hommes à aller vers certains univers (comme la sphère domestique). Ainsi, le débat n’est pas celui des compétences, qui sont les mêmes entre hommes et femmes, mais celui de la gestion du temps. Selon Institut national d’études démographiques (INED), le temps journalier consacré au travail domestique est de 2h00 pour un homme et de 3h26 pour une femme. Le temps plus restreint des femmes implique de faire des choix.

    Le conditionnement c’est ce qui nous fait accepter les inégalités dans la sphère privée

    Ainsi, la question du sacrifice n’est pas à relier à l’autocensure des femmes. En effet cela sous-entend que c’est notre faute, elle est plutôt à relier à notre conditionnement. En effet, une multitude de lois ont été promulguées quant à l’égalité professionnelle, alors que ce qui manque c’est le culturel. Ce qu’il manque c’est la prise en compte par le conjoint, l’employeur, le politique de ce conditionnement et de ces inégalités entre sphère domestique et sphère professionnelle. Par conséquent, certains choix peuvent être radicaux comme le refus du couple, ou le refus de maternité. Dans notre société, ces choix sont encore sulfureux.

    …Peut-on vraiment être la super héroïne que l’on voit sur les réseaux sociaux ?

    Face à cela, on assiste sur les réseaux sociaux, ou dans les livres à une certaine idolâtrie d’une forme de maternité, exigeante, difficile, nécessitant d’y passer beaucoup de temps. Par exemple, promotion de l’allaitement prolongé, du cododo, de ne jamais laisser l’enfant pleurer…tout cela veut dire peu dormir. Face au risque du modèle de la superhéroïne, mère accomplie et professionnelle insérée, se pose la figure de la femme célibataire et/ou sans enfants. Cette dernière, qualifiée de « vieille fille » ou « femme à chat » est encore marginalisée. Il y a là encore un conditionnement social, celui du modèle du dévouement et de la discrétion.

    La « liberté c’est le choix » effectif de pouvoir composer avec la réalité

    Le mythe de la superhéroïne joue sur le fait que les femmes sont tiraillées entre leur accomplissement personnel et leurs devoirs de femme, d’épouse, de mère, de salariée. Elles seraient censées tout concilier. Or, des choix sont souvent à faire. Surtout lorsque l’on sait qu’une infime partie des ménages, les plus aisés, disposent d’une aide conséquente pour la garde des enfants par exemple. Si un bon état d’esprit aide à concilier les responsabilités, le meilleur mindset n’aide pas à consoler bébé qui pleure. Surtout pendant que l’on prépare la réunion du lendemain, tard le soir, et que papa finalise déjà les budgets clients à rendre avant la deadline annuelle. Le choix des responsabilités revient donc souvent aux femmes.

    Tout commence par l’éducation, les femmes sont souvent habituées à douter de leur légitimité à vouloir et à oser certaines choses. En effet, on a souvent du mal à faire valoir nos compétences et à gérer notre temps entre la sphère domestique et la sphère professionnelle. Ce conditionnement social est également à l’origine de l’idolâtrie sociale de certaines formes de maternité exigeantes. Ces shémas imposent des sacrifices personnels importants. Face à cela, la figure de la femme célibataire et/ou sans enfants est encore marginalisée. Pour faire avancer l’égalité, il est nécessaire de prendre en compte ce conditionnement et ces inégalités. Il est important de comprendre les choix radicaux que peuvent être amenées à faire certaines femmes. Par exemple, le refus du couple ou de la maternité.

    Tu as des choix difficiles à faire en tant que femme ? Si tu en as, le cœur n’hésite pas à partager ton expérience en commentaire, tu peux choisir le pseudo que tu veux 🙂

  • Marie-Pierre partage son secret pour concilier carrière et vie personnelle en tant que femme : l’égalité dans le couple 

    Marie-Pierre est de ces personnes qui font oublier d’où l’on vient. J’ai ressenti chez elle une grosse capacité à prendre les gens comme ils sont. D’ailleurs, tu verras dans son récit que le mot « égalité » y revient souvent. En la côtoyant un peu j’ai appris que l’on pouvait être franche et sympathique tout en étant dans la maîtrise. C’est donner ce que l’on peut. Marie-Pierre nous offre donc un petit texte autour duquel est venu se greffer sa parole autour de la notion d’égalité dans le couple et d’équilibre dans l’ambition et la réussite professionnelle. C’est énorme.

    « Pose-moi plutôt tes questions, je suis une scientifique moi tu sais » me lance Marie-Pierre avec la décontraction des personnes assurées. Si l’écrit est un exutoire pour certains, la parole canalise les pensées des autres. Alors je tâche de m’adapter tant bien que mal. Si la parole est vive, la pensée de Marie-Pierre est synthétique. Je comprendrai plus tard qu’elle « préfère regarder en avant ».  En effet, après avoir reçu son texte, il me restait beaucoup de questions qui trouveront réponse durant notre entretien.

    J’ai connu Marie-Pierre durant ma formation de coaching. Elle a la parole qui apaise et un parcours professionnel que j’imagine pleins de rugosité. Elle était directrice de la communication pour un grand groupe international. Je me suis dit que cela n’a pas dû être évident de se hisser ainsi au sein du comité de direction. Elle me répondra que les choses devaient se faire ainsi.

    (1/2) Voici ce sur quoi elle a souhaité écrire : « Carrière ou vie personnelle ! En tant que femme, doit-on choisir ?

    L’ambition c’est pouvoir donner le meilleur de soi sur un pied d’égalité

    Lancée bille en tête avec mon diplôme d’ingénieur dans la vie professionnelle, j’avais l’ambition, la détermination de me consacrer à la carrière que j’avais choisie. A cette époque, le fameux équilibre entre vie pro et vie perso n’était pas une question que je me posais, je savais que je devais donner le meilleur de moi-même si je voulais construire ma carrière. Nous avions décidé avec mon conjoint de nous installer dans la région parisienne, seule région qui permettait à chacun de nous de travailler dans les secteurs que nous avions choisis. Nous avions tous les deux des carrières à construire en toute égalité.

    Dans ce début de ma vie professionnelle, il n’était pas question pour moi de sacrifice puisque c’est ce que j’avais décidé et choisi et je m’y consacrais avec enthousiasme !

    …Ainsi qu’organiser et pourvoir compter sur la stabilité du foyer

    Le questionnement est venu avec l’arrivée de mes enfants, là mes priorités se sont inversées car leur bien-être était en jeu et c’était primordial de leur apporter toute mon attention. Il faut dire que pendant cette période, ma carrière a un peu ralenti mais sans l’impacter durablement. Nous avons dû nous organiser.  J’avais à mes côtés mon joker ! Mon joker c’est mon mari qui s’est impliqué très largement avec les enfants, quand j’étais en déplacement en France ou à l’étranger, pendant les séminaires de plusieurs jours, dans les réunions qui s’éternisaient le soir ! Lorsque mon mari était lui aussi pris par sa carrière, j’avais mon bras droit chez moi, une jeune femme qui entretenait la maison. Elle est restée avec nous 35 ans ! C’était pour les enfants d’une grande stabilité. J’étais rassurée, apaisée sur leur équilibre et je pouvais prendre des missions plus intéressantes pour moi.

    Transmettre son modèle de réussite à ses enfants

    Oui, peut-être ai-je loupé certains moments de complicité avec mes enfants, peut être aussi n’ai-je pas perçu toutes leurs interrogations ? C’est un choix que j’avais fait et mon équilibre personnel en dépendait. Je pense véritablement que lorsque vous vous sentez en adéquation avec vous-même que, par votre organisation, vous vous êtes assuré du bien être des personnes qui vous entourent, les choses se déroulent le mieux possible. Bien sûr il y a eu des moments difficiles tant au niveau professionnel que personnel mais si je me retourne sur ma vie passée, j’ai été soutenue par mon mari et mes enfants, j’ai eu aussi des opportunités intéressantes qui m’ont été proposées et dans lesquelles je me suis épanouie. Je peux dire également que j’ai eu la chance de ne pas avoir connu pour ma famille de graves accidents qui certainement impactent irrémédiablement le cours de votre vie. Je n’ai pas eu à faire de réels sacrifices parce que je vivais ce que j’avais choisi. Le modèle que nous avons mis en place avec mon mari c’est-à-dire une parfaite égalité entre nous à la fois sur le plan des tâches à faire que sur le plan du choix professionnel a été celui que mes enfants ont adopté pour leur vie personnelle. Je pense, le meilleur modèle pour que chacun s’épanouisse.

    Je dirai en conclusion qu’il faut suivre ses envies tout en s’assurant que les personnes qui comptent pour vous sont bien. Soutien, égalité et organisation sont clés, envies et détermination sont des boosters indispensables ; tout cela pour trouver et maintenir son équilibre de vie ! »

    (2/2) Questions

    L’ambition se partage dans le couple ?

    Ce que je retiens de l’entretien qui suivra avec Marie-Pierre, c’est que la notion d’égalité a pétrie son couple dès le début, lorsque la discussion sur la carrière est arrivée. Tous les deux avaient plusieurs choix géographiques et Paris a été le point de conjonctions de leurs projets professionnels. Chacun pouvait ainsi faire ce qui l’intéressait, comme si l’ambition prenait racine dans le dialogue et la coordination.

    « L’ambition, l’envie de grandir dans l’entreprise, elle fait partie de toi »

    Aussi loin qu’elle se souvienne, son père leur disait à ses sœurs et à elle que le plus important était d’être autonome financièrement pour avoir de l’argent. Ceci en cas d’aléas de la vie. Elle mentionne l’intérêt de nourrir son égo, le salaire et les responsabilités qui vont avec.

    Pour Marie-Pierre, l’ambition sera aussi de grandir dans l’organisation. C’est-à-dire de manager des gens, et plus tard d’obtenir des responsabilités à l’international. Elle sera la responsable marketing et communication. L’important est d’être au fait des décisions prises dans l’entreprise. Finalement c’était d’être intégrée dans la stratégie et aux décisions de l’entreprise, elle aura réussi.

    On ne réussit pas sans réseau

    Réussir c’est le retour de ce que tu fais, il est important de donner et de « recevoir des feedback ». En effet, Marie-Pierre me dira que la chance ça se provoque. « Sans que cela soit calculé c’est une question de réseau que tu crées ». Elle apprendra ainsi à ses enfants que le plus important à bâtir c’est le réseau et de l’entretenir. En effet, « un jour où l’autre, les gens se rappellent de toi ».

    La réussite c’est aussi beaucoup de temps

    Marie-Pierre le dit, elle a donné beaucoup de son temps afin de faire le mieux possible pour l’entreprise. Faire le mieux possible pour l’entreprise c’est aussi faire des choses difficiles comme participer à une restructuration salariale de l’entreprise. Elle y a organisé et géré la communication de crise. Ce qui me surprendra c’est qu’elle me dise « je l’ai fait » sur un air que je ne lui connaissais pas. Cela m’a fait l’impression que le devoir bien fait peut ne pas se passer de clivages.

    Après avoir lu et écouté Marie-Pierre, je me dis qu’il y a des choses qui s’expliquent et des choses qui ne s’expliquent pas. L’ambition est un état d’esprit, une fréquence à laquelle nous sommes connectées et qui contribue à modeler nos parcours.

  • Femmes et conflit de valeurs au travail : comment exprimer son mécontentement pour agir sur son quotidien professionnel ?

    J’ai retrouvé une vieille revue de développement personnel qui faisait écho à des discussions que j’ai eu dans mon entourage. Doit-on exprimer son mécontentement au travail ? Cette revenue n’y va pas par quatre chemins. « On doit se changer soi avant de vouloir changer le monde ». J’ai parfois lu que le développement personnel ébêtait ses lecteur.rices, car il nous poussait à éteindre notre colère, nos désaccords. A la lecture de ces lignes, on peut facilement tomber d’accord. Sans être aussi extrêmes que cette revue on peut se demander si faire la paix avec soi-même c’est éviter le conflit et l’opposition ?

    Et que fait-on à sa mesure devant les injustices criantes de la pénibilité du travail ? Quand on sait que 37% des actifs occupés disent qu’iels ne pourront pas tenir leur poste jusqu’à la retraite, quelle que soit la catégorie socioprofessionnelle, comment fait-on pour négocier le quotidien ?

    Les femmes plus souvent soumises au conflit de valeurs au travail

    Elle est passée relativement inaperçue, mais la DARES[1] a publié une étude en janvier 2023 intitulée « Conditions de travail et mixité : quelles différences entre professions, et entre femmes et hommes ? » On y apprend sans surprises que les femmes exercent plus souvent des métiers de service, qui les exposent à des contraintes d’organisation du temps de travail, à des exigences émotionnelles et/ou une faible possibilité de décision. Mais dans les métiers mixtes, et dans les métiers à forte présence féminine ou masculine, les femmes sont les plus exposées à tout type de risque. Elles sont aussi plus confrontées que les hommes aux conflits de valeurs et à un manque d’autonomie et, à durée de travail identique. Cette étude montre qu’elles sont aussi soumises à un travail intense et à un manque de soutien et de reconnaissance. Ces salariées sont exposées à de multiples risques physiques et psychiques.

    Les femmes ont très peu de marge de manœuvre pour gérer le quotidien professionnel donc personnel

    En tant que professionnelle de l’accompagnement, ce que je retiens de ce rapport, c’est que :

    • Les femmes, souvent maîtresses de foyer, ont besoin de pouvoir gérer leurs obligations. Pourtant, elles ont des emplois moins flexibles que les hommes et moins soumis à la possibilité de décision. Or quelquefois, il suffit d’une heure de travail en décalé pour pouvoir se rendre chez le médecin.
    • L’exigence émotionnelle, c’est par exemple devoir faire face à un client en colère. C’est prendre sur soi pour pouvoir le ramener au calme et l’orienter. C’est porter la politique de l’entreprise et ses incohérences possibles devant le client.
    • Le conflit de valeur c’est se demander « qu’est-ce que je fiche là ? », « Je ne serais pas mieux à un autre poste ? »

    Face à ces injustices professionnelles, il est donc nécessaire d’exprimer son mécontentement

    Ce que je vois en tant que professionnelle de l’accompagnement c’est que les femmes gèrent souvent ces situations en entamant un travail sur soi pour pouvoir changer leur monde. J’ai pu sentir la cocotte minute monter en pression et être contactée avant qu’elle n’explose : comment je gère mes nouvelles demandes professionnelles ? Comment je gère le temps en plus que cela demande ? Comment je gère le foyer ? Ou/Et ma vie de femmes dans tout ça ? La question est n’est pas directement celle de l’expression de son mécontentement, mais celle du changement. Et si l’on prenait les choses à l’envers, comment exprimer son mécontentement à sa hiérarchie pour changer son quotidien professionnel ?

    • Pour être mieux écoutée ?
    • Pour envisager l’hypothèse d’un départ dans la douceur ?

    Bref, avant de changer d’environnement, il peut être bon d’agir sur le contexte actuel. Avant de lire ce qui suit, exprimer son mécontentement à sa hiérarchie c’est un peu du politique donc il ne s’agit pas de rentrer en opposition 🙂

    Comment exprimer son mécontentement sans opposition ?

    Je te donne la technique : le feedback bien sûr !

    • Dire les Faits
    • Décrire les effets qu’une action donnée a eu sur toi, ton organisation, ton travail
    • Expliquer l’émotion que l’on en ressentit
    • Formuler une demande claire
    • Réfléchir à un plan d’action

    Étape 0 : Amener le sujet

    Énoncer deux faits positifs, le fait négatif et un fait positif

    « Je suis heureuse des nouvelles responsabilités que tu m’as données (1). Merci pour cette marque de confiance (2). Néanmoins, je crois qu’il serait bon de parlais de la gestion des urgences (3) pour que nous puissions continuer à obtenir nos bons résultats et plus (4).

    Étape 1 : Dire clairement les faits en début d’entretien

    Pour faire un feedback, il faut que tu t’appuies sur des faits précis. Par exemple « J’ai noté que tu m’as envoyé des mails urgents à 20h00 le 1er avril, le 20 avril puis le 5 mai ». Le but est que ton interlocuteur.rice ne puisse pas les réfuter ou les balayer d’un revers de main.

    Étape 2 : Décrire l’action qui a posé un problème

    Que se passe-t-il si les choses continuent comme cela ? Ou au contraire, qu’est-ce qui se passe si les choses ne continuent plus de cette façon ? Quel est l’impact éventuellement, négatif ?  Par exemple « il est difficile pour moi de traiter cette action à l’heure indiquée, en dehors des heures de travail. Le risque est de mal gérer le dossier. »

    Étape 3 : Dis ce que tu ressens

    L’émotion vient humaniser le propos, comme pour créer un lien, un contrat moral. Par exemple : « Je me suis sentie impuissante à la réception du mail à 20h00, je me suis demandée comment j’allais gérer le dossier client ». L’émotion souligne ce que cela a comme impact sur toi. Qu’il soit positif ou moins positif.

    Étape 4 : formule ta demande clairement

    Ce qui est important, c’est de faire une demande claire de ce que tu proposes à la personne de continuer à faire ou de faire différemment. Sois clair dans ta demande. « Pour la suite, j’aimerais être informée des urgences plus à l’avance afin que je puisse m’organiser et y répondre au mieux ».

    Étape 5 : Proposer à un plan d’action

    L’important, à la fin d’un entretien de feedback, c’est que toi et taon boss soyez d’accord sur le plan d’action : « Je te propose de m’envoyer les demandes urgentes le matin afin de pouvoir prioriser les actions dans ma journée ».

    Donc faire la paix avec soi-même c’est pouvoir et savoir s’exprimer pour tâcher de changer son quotidien. Le feedback est une technique puissante. Essaye le feedback et s’ils n’entendent pas c’est qu’il est peut-être temps de songer à partir ailleurs.


    [1] Direction de l’Animation de la Recherche, des Etudes et des Statistiques (DARES). C’est « la direction du Ministère du Travail qui produit des analyses, des études et des statistiques sur les thèmes du travail, de l’emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social ».

  • La newsletter arrive bientôt

    Abonne toi !

    Vous avez bien été abonné à la newsletter

    Il y a eu une erreur en essayant d’envoyer votre demande. Veuillez essayer à nouveau.

    Carnet de dessein utilisera uniquement les données que tu as données pour un contenu toujours plus pertinent!