Les sacrifices personnels des femmes dans une société en évolution : Entre conditionnements et choix

Le mythe de la superhéroïne joue sur le fait que les femmes sont tiraillées entre leur accomplissement personnel et leurs devoirs de femme, d’épouse, de mère, de salariée.

La démocratie conjugale est extrêmement récente. En France, les femmes peuvent ouvrir un compte bancaire depuis 1962 seulement. Aussi, les droits à la contraception et à l’avortement sont arrivés encore plus tard. Par conséquent, les rôles sociaux sont encore très divisés entre les hommes et les femmes. Tout cela implique encore des sacrifices personnels, dans leurs choix de vie, pour les femmes.

Lors de l’émission radiophonique Radioscopie de 1973, Gisèle Halimi, la célèbre avocate qui défendait les droits des femmes lance, en parlant d’avortement, lance « la liberté c’est le choix ». Elle dit avec cette simple phrase que l’avortement est l’acte de liberté par excellence. La preuve en est que lorsque la femme est frustrée de ce pouvoir sur soi-même, elle est capable d’aller jusqu’à l’avortement clandestin susceptible de lui couter la vie. L’interruption volontaire de grossesse est dépénalisée en 1975 par la loi Veil. Cela après la loi Neuwirth de 1967 qui légalise le droit à la contraception. Ces deux dates marquent une révolution dans la détermination des choix personnels des femmes.

Mais cela veut-il dire que les femmes, aujourd’hui, sont exemptées de sacrifices personnels au cours de leur existence ? Comment cela se traduit-il ?

L’ambition professionnelle des femmes, un choix sacrificiel ?

Dans les mythes, le sacrifice, c’est la séparation du vivant et de l’au-delà, c’est une dette que l’on doit payer. On peut remonter le destin sacrificiel des femmes, au moins à l’antiquité, avec le sacrifice d’Iphigénie. C’était la fille du roi Agamemnon, sacrifiée à la déesse, Artémis, pour gagner la guerre de Troie. Amenée jusqu’à l’autel sacrificiel, la jeune femme sera sacrifiée. Ce passage discret de l’Illiade laisse cependant son empreinte au cours de l’histoire et dans l’ensemble des mythes. En effet, selon la psychanalyste Anne Dufourmantelle, « la jeune fille éternelle doit d’une certaine façon mourir lorsqu’elle devient mère ». Les responsabilités et la sagesse de l’effacement doivent transcender jeunesse et naïveté. Si les femmes ne sont pas forcément mères, les enfants augmentent le devoir domestique. Ce devoir domestique influe sur la la notion de choix d’itinéraire de vie.

L’enjeu serait d’aménager son temps pour ne plus avoir de freins à son ambition

Nathalie Loiseau, est autrice du livre « choisissez tout ». Elle se demande pourquoi les femmes devraient-être dans un principe de précaution pour ne surtout pas déranger ? Elle établit ainsi que les femmes doutent quant à leur légitimité « d’en vouloir ». Ces doutent glissent vers de la culpabilité de ne pas pouvoir se trouver au four et au moulin. Aussi, on n’a pas appris aux femmes à oser un certain nombre de choses (ex. faire valoir ses compétences, demander une augmentation, etc.). Et on a pas appris aux hommes à aller vers certains univers (comme la sphère domestique). Ainsi, le débat n’est pas celui des compétences, qui sont les mêmes entre hommes et femmes, mais celui de la gestion du temps. Selon Institut national d’études démographiques (INED), le temps journalier consacré au travail domestique est de 2h00 pour un homme et de 3h26 pour une femme. Le temps plus restreint des femmes implique de faire des choix.

Le conditionnement c’est ce qui nous fait accepter les inégalités dans la sphère privée

Ainsi, la question du sacrifice n’est pas à relier à l’autocensure des femmes. En effet cela sous-entend que c’est notre faute, elle est plutôt à relier à notre conditionnement. En effet, une multitude de lois ont été promulguées quant à l’égalité professionnelle, alors que ce qui manque c’est le culturel. Ce qu’il manque c’est la prise en compte par le conjoint, l’employeur, le politique de ce conditionnement et de ces inégalités entre sphère domestique et sphère professionnelle. Par conséquent, certains choix peuvent être radicaux comme le refus du couple, ou le refus de maternité. Dans notre société, ces choix sont encore sulfureux.

…Peut-on vraiment être la super héroïne que l’on voit sur les réseaux sociaux ?

Face à cela, on assiste sur les réseaux sociaux, ou dans les livres à une certaine idolâtrie d’une forme de maternité, exigeante, difficile, nécessitant d’y passer beaucoup de temps. Par exemple, promotion de l’allaitement prolongé, du cododo, de ne jamais laisser l’enfant pleurer…tout cela veut dire peu dormir. Face au risque du modèle de la superhéroïne, mère accomplie et professionnelle insérée, se pose la figure de la femme célibataire et/ou sans enfants. Cette dernière, qualifiée de « vieille fille » ou « femme à chat » est encore marginalisée. Il y a là encore un conditionnement social, celui du modèle du dévouement et de la discrétion.

La « liberté c’est le choix » effectif de pouvoir composer avec la réalité

Le mythe de la superhéroïne joue sur le fait que les femmes sont tiraillées entre leur accomplissement personnel et leurs devoirs de femme, d’épouse, de mère, de salariée. Elles seraient censées tout concilier. Or, des choix sont souvent à faire. Surtout lorsque l’on sait qu’une infime partie des ménages, les plus aisés, disposent d’une aide conséquente pour la garde des enfants par exemple. Si un bon état d’esprit aide à concilier les responsabilités, le meilleur mindset n’aide pas à consoler bébé qui pleure. Surtout pendant que l’on prépare la réunion du lendemain, tard le soir, et que papa finalise déjà les budgets clients à rendre avant la deadline annuelle. Le choix des responsabilités revient donc souvent aux femmes.

Tout commence par l’éducation, les femmes sont souvent habituées à douter de leur légitimité à vouloir et à oser certaines choses. En effet, on a souvent du mal à faire valoir nos compétences et à gérer notre temps entre la sphère domestique et la sphère professionnelle. Ce conditionnement social est également à l’origine de l’idolâtrie sociale de certaines formes de maternité exigeantes. Ces shémas imposent des sacrifices personnels importants. Face à cela, la figure de la femme célibataire et/ou sans enfants est encore marginalisée. Pour faire avancer l’égalité, il est nécessaire de prendre en compte ce conditionnement et ces inégalités. Il est important de comprendre les choix radicaux que peuvent être amenées à faire certaines femmes. Par exemple, le refus du couple ou de la maternité.

Tu as des choix difficiles à faire en tant que femme ? Si tu en as, le cœur n’hésite pas à partager ton expérience en commentaire, tu peux choisir le pseudo que tu veux 🙂

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