• La trahison : comment se remettre de la rupture de confiance, et comment éviter de se trahir soi-même

    Il est souvent difficile de se remettre de la trahison de la parole donnée, ou de la violation d’un pacte tacite ou express, c’est-à-dire la rupture d’un lien de confiance. Il y a ainsi de grands bouleversements ou des ruptures plus ou moins fracassantes qui façonnent notre existence. Si ces ruptures sentimentales ou amicales façonnent nos chemins de vie et viennent modifier les piliers de notre existence, il faut admettre que la notion de trahison est souvent liée à la notion de confiance, en oubliant que l’on peut trahir soit même.

    En effet, si l’on peut se sentir trahie par un proche ou par quelqu’un que l’on porte en estime, nos actes peuvent décevoir. Que l’on agisse avec un sentiment de justice ou la conscience de décevoir l’autre, que l’on comprenne la réaction de son interlocuteur, ou non, on peut trahir soi-même. Ainsi, je repense à cette personne, que je nomme Julie et qui voulait s’éloigner d’une amie qu’elle pensait toxique. Elle l’a quittée sans ménagement après une violente dispute. Elle pensait agir au plus juste de ses intérêts, et a généré un sentiment de trahison chez son amie. En effet, comment avait-elle pu rompre le lien qui les unissait aussi abruptement ?

    La rupture de cette relation relevait pour elle des tensions générées entre la préservation/la recherche de son bienêtre, et la loyauté qui l’unissait à cette personne. Alors que son amie lui rétorque « comment peux-tu me faire ça après tout ce que j’ai fait pour toi », Julie me dit se sentir en phase avec son ressenti.  En effet, Julie ne se sentait plus en phase dans cette relation, et la laisser s’enliser n’était à ses yeux pas preuve d’amitié et de loyauté envers son amie.

    Ce que tu peux noter est que l’acte d’émancipation de Julie, qui portait les marques de la trahison pour son amie contenait en lui les germes de la condamnation morale. En effet « comment avait-elle bien pu lui faire ça » ? Cependant, trahir c’est souvent peser le pour et le contre, et trouver ses intérêts supérieur au maintien d’une relation saine, ou alors c’est se tromper en pensant que l’autre pourra comprendre et pardonner.

    • Ainsi, avant de culpabiliser d’un acte incompris, le mieux est de se demander s’il a servis nos intérêts sans trop grand préjudice à la relation ou à la communauté ou à la personne avec laquelle je suis en relation de confiance.
    • C’est aussi de se demander s’il a été utile à notre développement personnel (par exemple, cas de relation toxiques, de démission après un burn out, etc.)

    Ainsi, il ne s’agit pas dans ce billet de porter un jugement sur l’acte de trahison mais de se demander s’il est juste pour moi, sans porter de torts excessifs à l’autre ou à la communauté.

    Trahir, peut nous conforter dans nos décision comme peut mener à regretter notre décision mais quel que soit le contexte, ou « l’élégance » dans la rupture c’est indubitablement faire un choix…celui de s’affirmer face à l’autre lorsque ‘une situation ne nous convient plus.

  • La force des émotions : Briser les normes et reconnaître l’importance de notre vécu émotionnel

    « Sois raisonnable ! », « Ne pleure pas, reste digne » etc. voilà ce que nous pouvons nous dire à nous même lorsque nous recevons une décharge émotionnelle importante. Dû à notre éducation, pour beaucoup, on a le vieux rêve de ne rien éprouver, surtout les émotions négatives. Il faut être serein.e. Or, accompagner une personne en coaching, c’est la prendre dans son individualité avec sa carte du monde, c’est-dire la façon dont elle s’appréhende, sa façon de penser ses relations, son rapport aux autres, etc.

    Sans rentrer dans l’éternel débat de avoir si le femmes sont plus émotionnelles que les hommes, je me demande simplement si: reniées et refoulées, en quoi nos émotions sont-elles utiles ?

    Il y a la pression que l’on se met

    On voudrait se sentir « serein.e», c’est-à-dire pouvoir réguler nos émotions pour que celles-ci ne nous affectent pas, malgré les difficultés que nous pouvons rencontrer sur notre chemin. Le bonheur souvent venté pourrait être comparé à l’impassibilité, on ne ressent aucunes émotions négatives car elles sont mauvaises.

    Aussi, montrer ses émotions, c’est dévoiler ses faiblesses, là où le bât blesse…parce que souvent l’émotion est douloureuse et qu’elle révèle notre intimité. Elle peut nous chambouler psychiquement comme physiquement :

    • Physiquement : mal de tête, stress, sensation d’oppression, sidération, maux intestinaux
    • Mentalement : Parce que nous rêvons d’une vie fluide et sans tracas

    Cependant, vivre, apprendre, c’est faire des expériences, et les émotions nous permettent de les percevoir en trois dimensions, d’appréhender notre monde sous tous ses aspects. Par exemple, je me sens triste parce que quelque chose me manque ou me blesse, donc qu’une situation est à changer ou à accepter. Je saurai qu’il faut surpasser la situation que si je reçois ce signal dérangeant.

    Puis la pression sociale

    L’époque qui est à l’individualisme, à la réussite et au culte de l’image triomphants, veut que nous restions maîtres de nous-même. Cette situation engendre à mon sens des risques psychosociaux comme la dépression car nous nous retrouvons seuls, sourds et muets face à l’impression de ne pas réussir comme il faut ou comme il le faudrait. Or, si se faire accompagner c’est s’orienter vers une recherche de solutions, les émotions nous renseignent quant à l’état d’esprit de la personne et sa façon d’interagir avec son monde…on ne peut pas faire sans elles.

    Pourtant nos émotions nous interrogent

    Les émotions dérangent. On s’interroge souvent dans son for intérieur sur nos émotions de peur, de colère, de tristesse et de joie : ma peur est-elle fondée, ma colère justifiée ou ma tristesse légitime ? Souvent comprimées, elles sont pourtant le canal de nos états d’âme et nous signifient comment réagir face à la menace ou au danger par exemple. A titre d’illustration, la tristesse ne nous dit-elle pas que nous avons besoin d’un temps d’arrêt pour penser/repenser une situation ?

    Si elles relèvent de la sphère personnelle, la plus part du temps on fait tout pour refouler les émotions, elles nous dérangent car elles interrogent notre intime. Pourtant, les exprimer permet de définir le périmètre de nos satisfactions comme de nos peurs, de nos frustrations, de nos colères etc. Accueillir nos émotions est le meilleur moyen de comprendre nos défis ou nos objectifs, que ces derniers soient grands ou petits.

  • Femmes et conflit de valeurs au travail : comment exprimer son mécontentement pour agir sur son quotidien professionnel ?

    J’ai retrouvé une vieille revue de développement personnel qui faisait écho à des discussions que j’ai eu dans mon entourage. Doit-on exprimer son mécontentement au travail ? Cette revenue n’y va pas par quatre chemins. « On doit se changer soi avant de vouloir changer le monde ». J’ai parfois lu que le développement personnel ébêtait ses lecteur.rices, car il nous poussait à éteindre notre colère, nos désaccords. A la lecture de ces lignes, on peut facilement tomber d’accord. Sans être aussi extrêmes que cette revue on peut se demander si faire la paix avec soi-même c’est éviter le conflit et l’opposition ?

    Et que fait-on à sa mesure devant les injustices criantes de la pénibilité du travail ? Quand on sait que 37% des actifs occupés disent qu’iels ne pourront pas tenir leur poste jusqu’à la retraite, quelle que soit la catégorie socioprofessionnelle, comment fait-on pour négocier le quotidien ?

    Les femmes plus souvent soumises au conflit de valeurs au travail

    Elle est passée relativement inaperçue, mais la DARES[1] a publié une étude en janvier 2023 intitulée « Conditions de travail et mixité : quelles différences entre professions, et entre femmes et hommes ? » On y apprend sans surprises que les femmes exercent plus souvent des métiers de service, qui les exposent à des contraintes d’organisation du temps de travail, à des exigences émotionnelles et/ou une faible possibilité de décision. Mais dans les métiers mixtes, et dans les métiers à forte présence féminine ou masculine, les femmes sont les plus exposées à tout type de risque. Elles sont aussi plus confrontées que les hommes aux conflits de valeurs et à un manque d’autonomie et, à durée de travail identique. Cette étude montre qu’elles sont aussi soumises à un travail intense et à un manque de soutien et de reconnaissance. Ces salariées sont exposées à de multiples risques physiques et psychiques.

    Les femmes ont très peu de marge de manœuvre pour gérer le quotidien professionnel donc personnel

    En tant que professionnelle de l’accompagnement, ce que je retiens de ce rapport, c’est que :

    • Les femmes, souvent maîtresses de foyer, ont besoin de pouvoir gérer leurs obligations. Pourtant, elles ont des emplois moins flexibles que les hommes et moins soumis à la possibilité de décision. Or quelquefois, il suffit d’une heure de travail en décalé pour pouvoir se rendre chez le médecin.
    • L’exigence émotionnelle, c’est par exemple devoir faire face à un client en colère. C’est prendre sur soi pour pouvoir le ramener au calme et l’orienter. C’est porter la politique de l’entreprise et ses incohérences possibles devant le client.
    • Le conflit de valeur c’est se demander « qu’est-ce que je fiche là ? », « Je ne serais pas mieux à un autre poste ? »

    Face à ces injustices professionnelles, il est donc nécessaire d’exprimer son mécontentement

    Ce que je vois en tant que professionnelle de l’accompagnement c’est que les femmes gèrent souvent ces situations en entamant un travail sur soi pour pouvoir changer leur monde. J’ai pu sentir la cocotte minute monter en pression et être contactée avant qu’elle n’explose : comment je gère mes nouvelles demandes professionnelles ? Comment je gère le temps en plus que cela demande ? Comment je gère le foyer ? Ou/Et ma vie de femmes dans tout ça ? La question est n’est pas directement celle de l’expression de son mécontentement, mais celle du changement. Et si l’on prenait les choses à l’envers, comment exprimer son mécontentement à sa hiérarchie pour changer son quotidien professionnel ?

    • Pour être mieux écoutée ?
    • Pour envisager l’hypothèse d’un départ dans la douceur ?

    Bref, avant de changer d’environnement, il peut être bon d’agir sur le contexte actuel. Avant de lire ce qui suit, exprimer son mécontentement à sa hiérarchie c’est un peu du politique donc il ne s’agit pas de rentrer en opposition 🙂

    Comment exprimer son mécontentement sans opposition ?

    Je te donne la technique : le feedback bien sûr !

    • Dire les Faits
    • Décrire les effets qu’une action donnée a eu sur toi, ton organisation, ton travail
    • Expliquer l’émotion que l’on en ressentit
    • Formuler une demande claire
    • Réfléchir à un plan d’action

    Étape 0 : Amener le sujet

    Énoncer deux faits positifs, le fait négatif et un fait positif

    « Je suis heureuse des nouvelles responsabilités que tu m’as données (1). Merci pour cette marque de confiance (2). Néanmoins, je crois qu’il serait bon de parlais de la gestion des urgences (3) pour que nous puissions continuer à obtenir nos bons résultats et plus (4).

    Étape 1 : Dire clairement les faits en début d’entretien

    Pour faire un feedback, il faut que tu t’appuies sur des faits précis. Par exemple « J’ai noté que tu m’as envoyé des mails urgents à 20h00 le 1er avril, le 20 avril puis le 5 mai ». Le but est que ton interlocuteur.rice ne puisse pas les réfuter ou les balayer d’un revers de main.

    Étape 2 : Décrire l’action qui a posé un problème

    Que se passe-t-il si les choses continuent comme cela ? Ou au contraire, qu’est-ce qui se passe si les choses ne continuent plus de cette façon ? Quel est l’impact éventuellement, négatif ?  Par exemple « il est difficile pour moi de traiter cette action à l’heure indiquée, en dehors des heures de travail. Le risque est de mal gérer le dossier. »

    Étape 3 : Dis ce que tu ressens

    L’émotion vient humaniser le propos, comme pour créer un lien, un contrat moral. Par exemple : « Je me suis sentie impuissante à la réception du mail à 20h00, je me suis demandée comment j’allais gérer le dossier client ». L’émotion souligne ce que cela a comme impact sur toi. Qu’il soit positif ou moins positif.

    Étape 4 : formule ta demande clairement

    Ce qui est important, c’est de faire une demande claire de ce que tu proposes à la personne de continuer à faire ou de faire différemment. Sois clair dans ta demande. « Pour la suite, j’aimerais être informée des urgences plus à l’avance afin que je puisse m’organiser et y répondre au mieux ».

    Étape 5 : Proposer à un plan d’action

    L’important, à la fin d’un entretien de feedback, c’est que toi et taon boss soyez d’accord sur le plan d’action : « Je te propose de m’envoyer les demandes urgentes le matin afin de pouvoir prioriser les actions dans ma journée ».

    Donc faire la paix avec soi-même c’est pouvoir et savoir s’exprimer pour tâcher de changer son quotidien. Le feedback est une technique puissante. Essaye le feedback et s’ils n’entendent pas c’est qu’il est peut-être temps de songer à partir ailleurs.


    [1] Direction de l’Animation de la Recherche, des Etudes et des Statistiques (DARES). C’est « la direction du Ministère du Travail qui produit des analyses, des études et des statistiques sur les thèmes du travail, de l’emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social ».

  • Briser le tabou de la rivalité féminine : pourquoi la sororité est une notion importante

    « Le patriarcat créé une insécurité permanente chez les femmes, qui se sentent alors menacées par celles qui semblent avoir plus confiance en elles »

    Racha BELMEHDI pour CAUSETTE

    J’ai posé cette question que les réseaux sociaux : « la rivalité féminine mythe ou réalité », les réponses ont été unanimes, pour les personnes interrogées c’était une réalité. La question est ignorée des sciences sociales et des recherches féministes, pourtant, elle est loin de dépasser les petits « cancans » de village/quartier, car elle nous interroge sur le monde que nous voulons demain. Comment commencer pour plus d’égalité entre les genres, à notre échelle?


    « Miroir, oh miroir, dis-moi qui est la plus belle ». À moins que tu aies grandi.e dans une grotte, cette phrase te dit sûrement quelque chose. Mais « plus belle » pour le regard de qui ? Aussi la réponse à la question fait apparaître une belle jeune femme encore fraîche et naïve…plus belle de quoi, par rapport à quel étalon ? Pourtant la jalousie explose devant le fait de ne pas être l’élue au regard du prince…Nous avons grandies avec ces images.

    Il y a un tabou autour de la rivalité féminine. Pourtant, combien de fois as-tu entendu « je ne m’entends pas avec les autres femmes » ? Sous-entendu, je me désolidarise. La femme représentée comme douce et patiente, comme perfide est curieuse, n’a cependant pas été socialisée comme un homme. Les référents culturels des femmes les inscrivent dans un cadre qu’elles tentent de dépasser aujourd’hui. Cependant, dans un monde professionnel où les places sont rares par exemple, la compétition fait rage. Quels sont les ancrages culturels de cette rivalité ? En quoi plus de sororité sera salvateur pour l’avenir commun des femmes ?

    Une invisibilisation des femmes dès l’antiquité au moins

    Dire que l’on ouvre la boîte de Pandore, c’est dire que les problèmes vont s’accumuler. Selon la mythologie grecque, Pandore est la première femme mortelle de l’humanité. C’est Zeus qui l’a envoyée sur Terre pour se venger des hommes. Absolument parfaite, elle était aussi extrêmement belle, et possédait une formidable voix. Cependant, elle était aussi jalouse, perfide et curieuse…un jour elle ouvrit la boîte de Pandore que Zeus lui avait interdit d’ouvrir, et elle rependit la guerre, la souffrance, la violence et la mort sur Terre.

    La culture populaire diffuse l’image d’une femme pècheresse, ça marque des esprits…et des destins

    On pourrait aussi dire qu’il y a Eve et le péché originel, bref, depuis au moins l’antiquité l’image des femmes est construite autour des péchés de la curiosité, de la jalousie et de la perfidie. La culture populaire en est imprégnée. Ça marque, ça construit. Ainsi, dans un monde où les places professionnelles sont déjà rares pour les femmes, celles-ci attendent d’avoir 80 % des compétences requises avant de se porter candidates à un poste, là où les hommes se contentent de 50 % des compétences demandées. Le plafond de verre[1] est ainsi autant une réalité sociologique que psychologique. Ce dernier joue sur le manque de confiance.

    La rivalité c’est le manque de confiance des invisibles

    Or, quand on parle de rivalité, c’est bien cela qu’il s’agit, du manque de confiance, celui qui nous fait projeter nos propres failles sur les autres. Quand on parle de rivalité, il s’agit de tourner son intelligence émotionnelle en défaveur des autres (harcèlements, commérages, etc.). Ainsi, une étude commandée par Twitter en 2016 montre que la moitié des insultes sexistes viennent de la bouche des femmes. Bref, quand on est en situation de rivalité c’est que l’on ne connait pas sa valeur. C’est l’inverse d’une situation de saine compétition dans laquelle on connaît sa valeur, comme on reconnait celle de l’autre. C’est aussi souvent l’inverse du mode de socialisation des hommes qui ont grandi avec les figures de valeureux guerriers. Il n’y a pas de récits de grandes amitiés entre les femmes, ou très peu.

    La solidarité entre femmes contre un modèle patriarcal dominant

    Pourtant, dans un monde dominé par les figures masculines, le concept de sororité qui vient du mot « sœurs » mérite d’être étendu. La sororité ne consiste pas en une attitude béate d’admiration réciproque. Elle consiste à être solidaire des autres femmes, leur tendre la main afin qu’elles montent sur l’échelle. L’objectif est plus philosophique qu’individuel, faire un pied de nez à une société encore patriarcale. La sororité c’est poser sa pierre pour faire grandir sa consœur, ou concourir dans une situation de saine compétition. C’est reconnaître la valeur de l’autre.

    La sororité pour aller contre l’image d’un « éternel féminin »

    Ainsi, la sororité nécessite d’aller à l’encontre des millénaires d’éducation. En effet, le problème est que les femmes ont bien été invisibilisées de l’histoire ou placées au rang de subalternes. Ancrées dans un éternel féminin fait de douceur, de bienveillance, de fragilité et de maternité, la question sous-jacente qui se pose est celle de l’affirmation de soi, de la reconnaissance de soi et de sa valeur. Cependant, la sororité n’est pas un concept facile à appliquer dans la vie quotidienne, cela nécessite de surmonter les stéréotypes de genre profondément enracinés qui les ont divisées pendant si longtemps. Il y a encore des préjugés et des tabous qui entourent la rivalité féminine, mais la sororité peut être un moyen de les surmonter.

    La prise de conscience d’une rivalité féminine, souvent entourée de déni et d’un tabou, est importante pour la construction d’un avenir commun pour les femmes. En travaillant ensemble, les femmes peuvent lutter contre le sexisme et le patriarcat, qui continuent de maintenir les femmes dans des rôles subordonnés et de les priver de l’effectivité de leurs droits. En créant des réseaux de soutien, les femmes peuvent se sentir plus fortes et plus capables de relever les défis auxquels elles sont confrontées.

    Pour aller plus loin :

    • Elisabeth CADOCHE et Anne de MONTARLOT – « le syndrome de l’imposture »
    • Racha BELMEHDI – « Rivalité, nom féminin »

    [1] Concept qui explique le faible nombre de femmes aux postes de direction

  • La charge mentale des femmes ici et d’ailleurs : le témoignage sensible d’Inaya Ifé

    « Je suis devenue juste une spectatrice de la vie des miens. Là c’est une douleur qui ne pourra sans jamais s’estomper. »

    Inaya Ifé est la belle-sœur d’une amie, elle a 35 ans et vit dans une grande métropole. C’est un prénom d’emprunt. Elle nous raconte sa charge mentale d’une femme à la fois d’ici et d’ailleurs. Venue de Madagascar par amour, elle nous raconte avec humour et pudeur la fierté et le poids de son éloignement, les deux faces de la même pièce, l’attachement aux siens. Comment le déracinement ajoute-t-il un peu plus à la charge mentale d’une femme ?

    Cher journal pas très intime,

    Aujourd’hui je vais te parler d’une situation qui touche beaucoup de femmes, bien que des hommes soient également concernés. Mais on ne va pas se mentir, le sujet que je vais aborder est surtout une problématique qui atteint plus de femmes que d’hommes.

    Par où commencer ?

    Ah oui, peut-être te dire de quoi il s’agit ?

    Mais avant cela, il faut que tu saches, que c’est une personne qui m’est très proche, pour ne pas dire de ma famille 😊, qui m’a demandé d’écrire sur le sujet. Sans quoi, je ne l’aurais jamais fait. Elle me demande de partager mon ressenti, par conséquent mon vécu. Aussi, j’essaie de trouver un moment dans ma journée pour m’assoir et me pencher là-dessus, tout en pensant que je ne vais jamais trouver le temps de faire ça, car j’ai mille choses à faire à côté, qui me semblent « plus importantes » et je ne suis pas non plus forcément inspirée même si le sujet me parle. Je prends sur moi. Allez focus, je me concentre.

    C’est parti ! on va parler de la CHARGE MENTALE.

    En parler c’est bien sûr entrer dans mon intimité. C’est un exercice qui n’est pas évident pour moi. Je partage rarement ma vie privée, surtout lorsque cela implique de mettre en lumière les côtés dont je ne suis pas fière, les parties qui ne sont pas « diffusables » sur les réseaux, car finalement on a l’impression que nous sommes seules dans ces situations de désarroi. Je sais bien que non, mais ce sentiment d’autojugement est tenace.

    La charge mentale une fatigue psychique mais aussi physique

    Il est difficile aussi d’aborder ce sujet sans avoir le sentiment d’incriminer mon conjoint et de lui donner le mauvais rôle qui justifierait mon état. En effet, si je me base sur une des définitions, il s’agirait du « poids psychologique que fait peser la gestion des tâches domestiques et éducatives, engendrant ainsi une fatigue physique et surtout psychique ». Ce serait injuste et surtout absolument faux de dire que je supporte seule toutes ces tâches, car j’ai la chance d’avoir à mes côtés, quelqu’un qui s’implique dans la gestion de notre quotidien.

    …Qui atteint surtout les femmes : exemples

    Néanmoins, malgré cela, il faut croire que ce n’est pas assez. Ce n’est pas moi qui le dis. C’est mon état psychique. 😊 . Mais pour être tout à fait honnête, ma charge mentale n’est pas le résultat seul d’une pensée incessante de l’organisation de notre vie quotidienne, même si je dois quand même rappeler pour la petite parenthèse, que c’est moi qui fait penser à monsieur mon mari qu’il doit appeler sa maman de temps en temps, qu’il n’oublie pas de s’acheter son propre gel douche (oui on ne le partage pas.lol) pour ainsi éviter d’utiliser le lave main en substitution ou encore qu’il anticipe l’achat d’une éponge pour la vaisselle ou de mettre le sac poubelle sur la liste des courses.

    « Anticiper » la vie du foyer comme élément déclencheur de la charge mentale

    Ah oui ! avant de fermer cette parenthèse, et d’exposer l’autre source de cette charge, je veux pointer du doigt l’autre élément déclencheur de ce stress : L’ANTICIPATION. Et oui, ANTICIPER, pour que rien ne manque et que la vie de « tout le monde » soit plus facile et fluide, pour gagner du temps et surtout de ne pas être dépourvu de quelque chose au moment opportun. Cette anticipation est d’autant plus importante et fondamentale (à mes yeux, toujours) depuis qu’on a un enfant. A deux c’est gérable, mais quand on un petit c’est tout à fait autre chose. Exemple typique, le changement de saison. Si on prend la transition hiver/printemps/ été, cela implique que l’on doit anticiper la sortie des vêtements adéquats pour ta progéniture. Il ne suffit pas de les ressortir, il s’agit de vérifier si ses vêtements lui vont toujours, car oui un enfant ça pousse constamment. Je ne parle même pas des chaussures. Tu dois alors t’organiser dans ta journée, entre le travail et ton temps « libre » pour prioriser cette tâche, faire le tri, ranger/stocker les vêtements d’hiver et sortir les vêtements d’intersaisons, car il ne fait pas tout à fait chaud et écumer ensuite les sites et les magasins pour les achats si besoin (et c’est très souvent le cas).

    La solitude face à l’organisation et à l’anticipation de la vie du foyer

    Autre exemple : penser à changer et mettre à laver les draps (housse, couette, taies d’oreiller) et les serviettes de tout le monde. L’anticipation ici se situe au mode et à l’agencement pour le séchage de tout ce fouillis quand on n’a pas de sèche-linge et que l’on vit dans un appart. Les habitants de la maison (je n’inclus pas encore mon fils. Pas encore lol), pensent que leurs lits douillets et qui sentent bons arrivent tout seuls ; finalement comme le dentifrice et les brosses à dents qui sont toujours au rendez-vous, c’est-à-dire neufs et non défraichis.

    Je peux continuer cette liste encore et encore, mais je vais m’arrêter là et fermer cette parenthèse.

    Mettre en lumière les effets de mon bagage familial et culturel

    Je suis originaire de Madagascar, pays où la valorisation de la femme passe avant tout dans sa capacité à pouvoir gérer d’une main de fer sa maison, sa vie de famille, sa position d’épouse et aujourd’hui sa vie professionnelle. Cette dernière est entrée dans la balance relativement tard, car les femmes malgaches jusqu’à, il y a environ 4 décennies, étaient encore nombreuses à être des femmes au foyer. Ainsi, que ce soit au niveau familial et culturel, filles ou garçons, nous avions tous eu cette image et cette vision évidente de la maman qui s’occupe absolument de tout sans rechigner, et si c’était le cas, pas de manière revendicatrice et juste auprès d’amies très proches et encore. Eh oui et encore ! l’esprit de sacrifice et de dévotion pour le bien être de la famille sont considérés comme de grandes qualités chez la femme…mais ça, c’est un autre débat.

    Le modèle patriarcal dans toute sa splendeur, modèle culturel, seul modèle que j’ai connu et qui semblait convenir à tout le monde

    Avec le recul et surtout depuis que je suis maman, je me suis demandé comment ma mère a fait pour gérer ses 4 enfants sans compter les innombrables allées et venues des cousins, cousines, oncles, tantes, l’implication dans les activités de l’église, des kermesses en tout genre, et tout cela en s’assurant que chaque repas soit préparé délicatement par ses soins. Autant dire que la barre a été très haute. Ma mère ne travaillait pas, certes, mais aujourd’hui il est démontré dans de nombreuses situations, ce que représente la charge de travail d’une femme au foyer. La maman est à la fois gestionnaire, coordinatrice, cuisinière, éducatrice, infirmière et j’en passe. Tout ça sans être payée et sans l’aide de l’homme. Eh oui, ce dernier s’assurait de payer les factures et que l’on ne manque de rien. Bref, le modèle patriarcal dans toute sa splendeur, modèle culturel, seul modèle que j’ai connu et qui semblait convenir à tout le monde.

    La charge mentale des femmes un sujet encore tabou

    Cet exemple de ma mère ainsi que de beaucoup de femmes vivant au pays me faisait culpabiliser, car je ne comprenais pas pourquoi je me sentais submergé et pas elles ? Pourquoi les autres y arrivent et pas moi.

    Les réponses à mes questions, je les ai trouvées au fur et à mesure des années, grâce à mes propres expériences, mais aussi à force d’observer et d’écouter celles des autres. C’est surtout ici, dans mon pays d’accueil, la France, que j’ai pu avoir certaines révélations, qui sont finalement tellement évidentes après coup.

    La solitude du couple la raison de la charge mentale et du babyblues en France

    La charge mentale touche énormément de femmes, dans tous les pays du monde, mais à des degrés différents. Il y a des degrés gérables comme chez les femmes malgaches par exemple, et selon les situations, car la pression et le stress sont largement estompés. Si on prend l’exemple de l’arrivée d’un bébé. Jamais auparavant, je n’ai connu de jeune maman malgache qui avait le baby blues. Pour nous c’était un truc de « blanc ». On ne pouvait même pas comprendre pourquoi la femme pouvait être à ce point malheureuse après l’arrivée d’un événement si heureux. Je ne dis pas que le phénomène n’existe pas, mais je ne vais pas m’étaler sur notre manque d’informations et d’éducation à ce sujet, d’autant plus que c’est même presque tabou d’insinuer que l’on est touché par cela. Ici, je me focalise sur la charge mentale qui incombe à la femme dans des situations similaires, mais dans des conjonctures différentes. De mon expérience, en France, une fois maman on devait avec mon mari, gérer seuls notre nouveau foyer, gestion d’un nouveau-né, qui rappelons-le n’est pas fourni avec un mode d’emploi malgré tous les bouquins sur le sujet. Il ne suffit pas de nourrir l’enfant, on continue de vivre aussi à côté. Continuer de faire le ménage, à manger, le linge à laver, qui par ailleurs augmente de manière exponentielle, c’est assez impressionnant.

    L’isolement de la maman c’est se sentir dépassée

    Maintenant, voici le topo, le père a 11 jours de congé paternité, la maman se retrouve ensuite seule avec tout ce changement. La fatigue plus le temps que son corps se remette de l’accouchement. PAS LE TEMPS de penser à tout ça, le bébé faut s’en occuper, la maison pareille, il faut s’en occuper…dans ce cas-ci, même si de prime à bord l’accouchement s’est bien passé et que dans le couple en temps normal tout est harmonieux, rien ne laisse donc présager que l’on va se prendre la tête pour un biberon pas laver. Et bien croyez-moi, ce rien peut faire exploser toute la maison tellement on se sent dépasser. Pourquoi ? Et bien parce qu’on est isolé.

    En France, pourquoi ne pas accompagner les femmes dans les premiers mois suivant l’accouchement ?

    Ici, contrairement à Madagascar, les proches auront plus de mal à aller vers nous, car ils supposent que l’on veut notre intimité durant cette période. Cette réflexion se tient. Mais pour moi qui suis malgache et qui a déjà été témoin et membre active d’une famille qui a accueilli des bébés, je peux te dire qu’accompagner la maman dans les premiers jours suivant l’accouchement et d’aider dans la gestion de la maison, c’est essentiel et même primordial. Je considère même aujourd’hui que c’est un privilège, et un vrai luxe. Certes, on n’a pas l’intimité que l’on revendique ici en France, mais finalement les effets de cette solidarité sont indéniables et flagrants. Les jeunes parents sont mieux disposés pour entamer leurs nouvelles responsabilités. La maman a le temps de se doucher, de se laver les cheveux (la base) et même de sortir avec ses copines, car il y aura une armada de nounous qui sont disponibles à toute heure. D’abord la grand-mère, les sœurs, les cousines et même les copines. Elles sont de confiances et expérimentées. Et oui, car on parle aussi de la transmission du savoir-faire et savoir-être de génération en génération. Anecdote qui m’a fait sourire, une fois que j’avais accouché, ici en France donc, les sages-femmes étaient étonnées de voir mon assurance quant aux gestes que j’avais pour la prise en main de mon nourrisson…merci maman et ma sœur chérie.

    La différence entre Madagascar et la France c’est que les femmes sont entourées, notamment lors de l’accouchement

    Cet exemple post-partum m’a d’autant plus frappé quand j’ai vu une émission à la télé française, qui vantait les mérites des pays d’Europe du Nord, qui mettaient en place un système d’accompagnement pour les jeunes parents après l’arrivée d’un bébé pendant environ 3 mois. Deux sages-femmes se relaient pour aider avec le bébé et la tenue de la maison. Même le ménage était pris en charge par ses personnes.  Si à Madagascar cet accompagnement se passe plutôt dans le cadre familial, dans les pays dits développés, le système est plutôt étatique. L’un comme l’autre, je trouve l’initiative pertinente et d’utilité publique. On s’assure ainsi de la santé mentale des parents et de minimiser leur charge mentale. Je dis minimiser, car de nos jours on ne peut plus vraiment y échapper totalement.

    Mais pour revenir à l’émission que j’ai vue, tout comme les chroniqueurs, je me demandais alors pourquoi cet accompagnement et l’implication étatique ne se généralisent pas partout ailleurs notamment en France. Les bienfaits sont pourtant indéniables. Encore un autre sujet à débattre.

    Je vais bientôt clore ce sujet. Je ne m’attendais pas à avoir finalement autant de choses à dire. 😊.

    La culture d’origine : source de fierté et de charge mentale

    La charge mentale qui m’incombe c’est aussi le devoir que l’on a en tant qu’enfant du pays à aider les siens. Il est pour nous dans l’ordre des choses de contribuer financièrement aux dépenses de nos parents une fois qu’ils sont trop vieux pour travailler et d’avoir des revenus. Ils se sont occupés de nous toute leur vie, alors une fois que nous sommes disposés à « rendre l’appareil » on le fait. La vie étant ce qu’elle est, avec les hauts et les bas, on ne peut cependant pas se permettre d’arrêter d’aider nos proches malgré les bas. La notion de devoir envers nos proches dépasse l’entendement de nos pairs dans les pays occidentaux. On fonctionne comme ça chez nous, on ne peut faire autrement. Au contraire, malgré les difficultés, nous sommes même fières et soulagées quand on peut aider. Mais cela devient une source d’angoisse quand on est en période de traverser de désert comme moi. Fraîchement au chômage.

    La douleur d’être spectatrice de la vie des miens

    Par ailleurs, il y a aussi le fait que je suis devenue juste une spectatrice de la vie des miens. Là c’est une douleur qui ne pourra sans jamais s’estomper. Mais la vie est faite de choix, et chaque choix à ses conséquences. Moi qui ai eu l’habitude d’être avec mes neveux, mes nièces, frère, sœurs, mère, père, etc. D’être là à chaque étape de leurs vies. Aujourd’hui à distance, je ne peux que leur envoyer les cadeaux d’anniversaires, de Noël, totalement dépourvus d’intimité, mais seules manifestations concrètes pour leur signifier que je pense toujours à eux. Le geste est là, mais tout ça, il faut le financer. Donc quand je peux je le fais, mais la frustration est grande, car tu veux pouvoir gâter tout le monde, en même temps.

    La charge mentale quand on vient d’ailleurs c’est aussi me demander si je reverrai les miens en bonne santé

    On essaie aussi de combler ce vide par les appels, mais encore là il est difficile de trouver un moment qui va à tout le monde, décalage horaire, rythme de vie ici et là-bas…on s’envoie plus de photos et vidéos finalement que de moment de discussion par téléphone. Des photos pour voir la vie et l’évolution des uns et des autres avec quelques légendes pour nous tenir au courant des événements.

    La charge mentale c’est aussi cela pour moi. Cette pensée constante à se demander si un jour je reverrai ma grand-mère, le reste de ma famille ou encore une de mes meilleures amies qui est très malade.


    Promis je prends le temps de faire les choses pour moi

    J’ai encore des choses à dire, mais je crois que je vais arrêter là histoire de laisser mon cerveau respirer et de continuer à apprendre à lâcher prise. Plus facile à dire qu’à faire.

    Je vais déjà essayer de programmer une ou deux sorties avec des amis, car cela fait 4 mois que l’on tente de se caler un truc, mais on est tous dans le même bateau 😊 .

    Je vais également prendre un moment pour répondre aux textos que j’ai reçus il y a deux jours et que j’ai mis de côté, car j’ai été distraite par mon fils qui me sollicitait pour l’aider à la construction de son bateau lego.

    Complémentarité n’est pas interchangeabilité des rôles …à méditer!

    Il n’y aura pas de vraie conclusion à ce billet en ce qui me concerne. Trop de paramètres à prendre en compte. Le lâcher-prise et la délégation des tâches tant prônée ne suffiront pas à résoudre la situation. Pendant longtemps je pensais qu’être complémentaire dans la vie commune aurait pu être la solution. Être interchangeable par contre dans nos tâches et dans notre organisation s’avère beaucoup plus efficace. Je sais juste que suite à ce papier, j’ai pu discuter de certains points avec mon conjoint, ça nous a fait rire, réfléchir et nous a permis de mettre les choses à plats.

    Pour ce qui est de ma relation à distance avec la famille et à mon pays c’est un autre sujet 😊 .

    Allez je te laisse !

    Inaya Ifé

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  • Apprivoiser ses peurs : un exercice utile

    « J’y vais…j’y vais pas », « Que va-t-il m’arriver si je tente le coup ? », « Je ne suis pas sûre du résultat ». Ça y est, tu te vois en train de te poser mille questions face à ton nouveau challenge ? Rassure-toi, la peur n’a rien de mauvais, c’est un signal émotionnel qu’il faut savoir interpréter. Elle est en lien avec le sentiment de confiance en soi, celle qui te donne l’impression de prendre des décisions avec des risques calculés.

    La confiance en soi ce sont les expériences accumulées

    La confiance en soi n’est rien d’autre que l’expérience du vécu. Avoir confiance c’est pouvoir se dire « ça, je sais/saurais le faire, j’y vais ». Ainsi, je sais que je dispose des compétences, des ressources intérieures ou externes ainsi que des attitudes qui vont m’aider à oser franchir un cap ou passer à l’action. Dès lors, la confiance en soi, ce sont les preuves de notre capacité à faire les choses. C’est comme bien maîtriser la recette du tiramisu, et la proposer sans crainte de loupés à tes invités. Ou encore, dans un autre domaine, tu postules des postes dont tu sais maitriser les prérequis à l’embauche. Bref la confiance se pétrit dans l’intimité et l’expérience.

    La confiance en soi ce sont les expériences accumulées

    Le problème est que souvent on n’ose pas. On ne passe pas à l’action, car on ressent des émotions désagréables. Selon Daniel Goleman, psychologue américain et pionnier des études sur l’intelligence émotionnelle, ces dernières sont au nombre de six :

    • Colère : qui est le besoin de s’affirmer, de faire respecter ses valeurs, de poser ses limites
    • Tristesse : qui est reliée au deuil créé par le renouveau ou la nécessité d’acceptation
    • Joie : qui est un sentiment de plaisir, de bonheur intense, caractérisé par sa plénitude et sa durée limitée
    • Peur : qui est reliée au besoin de survie, de protection et/ou de sécurité
    • Surprise : qui est le fait d’être frappé par quelque chose d’inattendu
    • Dégoût : qui est un sentiment d’aversion, de répulsion, provoqué par quelqu’un, quelque chose

    Ainsi les émotions sont comme des messages qui nous relient à nos besoins.

    L’émotion de peur entame notre confiance en nous

    Peur de l’inconnu, peur de l’incertain, peur de l’échec…C’est souvent la peur qui est paralysante à l’heure d’entreprendre un nouveau projet. En effet ce qui rentre souvent dans l’équation est les risques que l’on prend, on peut par exemple se demander s’ils ne sont pas trop grands. On compare ainsi l’analyse de nos risques personnels avec ce que l’on a déjà su faire. La peur est donc liée à la confiance en soi, qui consiste aussi à reconnaître nos émotions afin de les apprivoiser.

    Pour t’aider les jours où tu dois prendre une décision importante, je te propose l’exercice du bocal de confiance, n’hésite pas à prendre plusieurs jours pour le faire, le plus important est le travail d’introspection.

    Il est important d’être dans un endroit calme pour réaliser cet exercice.

    J’identifie mes réussites

    • Au préalable, concentre-toi et repense au moment de ta vie où tu as pu éprouver de la fierté. Tu vas voir, plus tu vas écrire sur ta liste, plus tu t’entraineras à trouver ces motifs de fiertés dans les petits moments du quotidien…allez on va au moins jusqu’à 10 !
    • Maintenant, écrit ce qui t’a rendue fière dans ces moments. Décris-le et n’hésite pas à rentrer dans les détails. Le but est que pour chacune de tes réussites tu puisses écrire « je suis quelqu’un capable de… » (persévérer jusqu’à accomplir mes objectifs, faire preuve d’optimisme malgré des circonstances difficiles, qui sait résoudre les conflits, etc.)

    Ce que les autres disent de moi : mes talents

    Il va falloir faire appel à ses souvenirs, et même échanger avec ses proches pour cette partie de l’exercice. L’objectif est de te rendre compte de ce qui est évident pour toi, mais qui ne l’est pas.

    • Quelles étaient les qualités que tes proches te font ou ont pu te faire ?
    • Quels sont les sujets pour lesquels on te sollicite ?
    • Quelles sont les choses que vous faites très facilement d’après eux, où vous apprenez particulièrement vite ?

    Consigne soigneusement ces réponses.

    Je crée mon bocal

    • Prends un gros bocal, n’hésite pas à le décorer de dentelles par exemple.
    • Munis-toi de jolis papiers colorés (des post it feront très bien l’affaire). Note sur chacun tes réussites et tes talents.
    • Remplis le bocal de tes notes

    Plonge la main dans le bocal les moments de faiblesse/de grande décision pour te rappeler de quoi tu es capable et alléger tes doutes et tes peurs

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  • Vivre sa féminité quand on est atteinte d’un trouble bipolaire

    « Je suis une femme atteinte d’un trouble bipolaire et mon plus gros problème est de nourrir mon imaginaire relationnel »

    Charline est une amie, elle a 35 ans. Elle a choisi de témoigner de manière anonyme, ce qui ne l’empêche pas de faire preuve d’une grande force pour nous raconter ce que c’est que de vivre sa féminité quand on est atteinte d’un trouble bipolaire. Finalement, je crois qu’elle nous raconte les difficultés relationnelles lorsque l’on est une femme qui s’interroge beaucoup. Consciente de sa vision hétéronormée du désir, et des relations, je crois qu’elle cherche à briser ces chaînes. Si j’ai restructuré le texte pour une meilleure lecture, je lui ai laissé carte blanche pour écrire, voici son témoignage.

    Aujourd’hui je parle, car je veux libérer la parole. Mon témoignage est anonyme, car lorsque l’on souffre d’un trouble bipolaire on est encore vu.e avec curiosité, voire de la peur. Je me souviens d’une amie à qui j’avais avoué mon trouble, plus tard elle me dira s’être renseignée pour voir si mon état n’était pas dangereux pour les autres. Eh bien non, mon état est potentiellement dangereux pour moi, et moi seule. Les médecins disent que j’ai une bonne maîtrise de la maladie, car je sais dire quand ça va mal, je sais repérer quand je dois lever le pied. La bipolarité est classée parmi les dix maladies les plus invalidantes selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Et c’est vrai, j’ai dû quitter mon boulot parce que je ne supportais plus l’agenda d’un emploi de cadre, et en termes de relations sociales il y a des fois où je ne sais pas y faire.

    Comment sait-on que l’on est bipolaire ?

    J’ai été diagnostiquée bipolaire à 26 ans après une phase maniaque. A ce moment, la réalité se transformait en rêveries ou en cauchemars. La période était accompagnée d’hallucinations auditives et visuelles, mais je ne le comprenais pas encore. La réalité et rêveries se confondaient et c’était la première fois que je le vivais. C’est dur à expliquer. Au début, j’ai tout de suite senti que mon hospitalisation avait été un mal nécessaire, mais le diagnostic n’a pas été un choc. En effet, c’est avec le temps que je me suis rendu compte à quel point la maladie était invalidante.

    Comment vie t-on son trouble bipolaire ?

    Mon état alterne entre phases de mélancolie et phases d’euphorie. Mon état est stabilisé grâce aux médicaments que je prends tous les jours, les régulateurs d’humeurs, mais ça n’empêche pas de sombrer. Je dirais que j’arrive à gérer les états de mélancolie, mais le plus dur est de gérer les phases d’euphorie. Dans ces moments, je me sens toute puissante : j’ai une assurance excessive en moi, comme en pleine possession de ma féminité. C’est étrange comment confiance et féminité se mélangent chez moi…mais tout ceci est un leurre. En effet, le problème est que durant ces phases je remarque que je confonds confiance en moi et relations à risques. Le médecin m’a dit « Vous vous mettez en danger ».

    Comment accepte t-on le fait d’être bipolaire?

    J’ai pu rester des mois, voire des années sans relations. Je me renfermais, car je me sentais nulle. Je pense que j’ai mis autant d’années à accepter le diagnostic, autant d’années à me demander « que peut-on me trouver à moi qui ai besoin d’une béquille chimique ». En fait, je me sentais amputée dans mon être. Avec le recul, je me dis que ce n’est pas rationnel. En effet, je pense ne pas être trop bête, ne pas être trop repoussante, et je pense que mon humour peut faire des ravages ! C’est assez étrange, mais tout a changé quand j’ai décidé de quitter Paris, et de retourner dans ma ville d’origine.

    L’acceptation de cette maladie psychique exclue-t-elle les excès ?

    Le travail d’acceptation de soi a été long. Quitter Paris et mes repères depuis plus de dix ans a été difficile. Cependant, je me suis dit « après tout ce que tu as vécu, la vie est courte, vas-y kiffe ». J’ai été dans le kiff à fond et cela s’est traduit par une consommation de relations excessive. Je buvais, et je ne me maîtrisais pas. Il fallait que je couche avec un homme, une voire plusieurs fois par semaine…avec des personnes différentes. Ce n’est pas tant le rapport sexuel qui m’apportait du plaisir, mais l’impression de toute-puissance : celui de choisir avec facilité de coucher ou non. Par chance, la plupart des relations se sont bien passées…mais elles me confortaient dans une relation passive.

    En fait les excès sont relationnels si je comprends bien ?

    En effet, ce dont je ne me rends pas compte dans ces moments-là, c’est qu’à la fois désirée, et honnie. Je suis comme à la disposition du fantasme d’un autre. Je me suis rendu compte que je ne vivais pas ma sexualité, jusqu’à rencontrer un partenaire un peu plus sérieux. Il m’a demandé « si tu n’es pas un peu plus active comment veux-tu connaitre ton plaisir ». Cette phrase m’a fait poser beaucoup de questions. Et je me dis que je ne suis pas la seule. Je crois que mon inconscient est imprégné par tout ce que l’on voit dans les médias, et par mon éducation aussi. Je me rappelle que petite j’étais turbulente on me rabâchait l’importance « de ne pas me faire remarquer ». Ca remonte à l’adolescence. Lorsque j’étais adolescente on m’a souvent dit à que j’étais belle, jamais à quel point ce que je pouvais dire ou faire était valable d’intérêt…ça marque.

    Des excès motivés par un imaginaire hétéronormé

    En fait, je crois que durant mes phases d’euphorie, la toute-puissance que je ressens, cette confiance en moi incontrôlable est nourrie par des imaginaires hétéronormés. Dans ces moments, mon inconscient me rappelle à quel point il est important dans cette société de se sentir belle et de pouvoir jouer avec le désir masculin. C’est un comportement de personne dominée en fait. La liberté et la confiance seraient de choisir en conscience une sexualité respectueuse de mon imaginaire…mais quel est-il au fait ? Je me sens perdue quand je me pose cette question.

    Je suis une femme atteinte d’un trouble bipolaire et mon plus gros problème est de nourrir mon imaginaire relationnel.

    Charline

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