• La force des émotions : Briser les normes et reconnaître l’importance de notre vécu émotionnel

    « Sois raisonnable ! », « Ne pleure pas, reste digne » etc. voilà ce que nous pouvons nous dire à nous même lorsque nous recevons une décharge émotionnelle importante. Dû à notre éducation, pour beaucoup, on a le vieux rêve de ne rien éprouver, surtout les émotions négatives. Il faut être serein.e. Or, accompagner une personne en coaching, c’est la prendre dans son individualité avec sa carte du monde, c’est-dire la façon dont elle s’appréhende, sa façon de penser ses relations, son rapport aux autres, etc.

    Sans rentrer dans l’éternel débat de avoir si le femmes sont plus émotionnelles que les hommes, je me demande simplement si: reniées et refoulées, en quoi nos émotions sont-elles utiles ?

    Il y a la pression que l’on se met

    On voudrait se sentir « serein.e», c’est-à-dire pouvoir réguler nos émotions pour que celles-ci ne nous affectent pas, malgré les difficultés que nous pouvons rencontrer sur notre chemin. Le bonheur souvent venté pourrait être comparé à l’impassibilité, on ne ressent aucunes émotions négatives car elles sont mauvaises.

    Aussi, montrer ses émotions, c’est dévoiler ses faiblesses, là où le bât blesse…parce que souvent l’émotion est douloureuse et qu’elle révèle notre intimité. Elle peut nous chambouler psychiquement comme physiquement :

    • Physiquement : mal de tête, stress, sensation d’oppression, sidération, maux intestinaux
    • Mentalement : Parce que nous rêvons d’une vie fluide et sans tracas

    Cependant, vivre, apprendre, c’est faire des expériences, et les émotions nous permettent de les percevoir en trois dimensions, d’appréhender notre monde sous tous ses aspects. Par exemple, je me sens triste parce que quelque chose me manque ou me blesse, donc qu’une situation est à changer ou à accepter. Je saurai qu’il faut surpasser la situation que si je reçois ce signal dérangeant.

    Puis la pression sociale

    L’époque qui est à l’individualisme, à la réussite et au culte de l’image triomphants, veut que nous restions maîtres de nous-même. Cette situation engendre à mon sens des risques psychosociaux comme la dépression car nous nous retrouvons seuls, sourds et muets face à l’impression de ne pas réussir comme il faut ou comme il le faudrait. Or, si se faire accompagner c’est s’orienter vers une recherche de solutions, les émotions nous renseignent quant à l’état d’esprit de la personne et sa façon d’interagir avec son monde…on ne peut pas faire sans elles.

    Pourtant nos émotions nous interrogent

    Les émotions dérangent. On s’interroge souvent dans son for intérieur sur nos émotions de peur, de colère, de tristesse et de joie : ma peur est-elle fondée, ma colère justifiée ou ma tristesse légitime ? Souvent comprimées, elles sont pourtant le canal de nos états d’âme et nous signifient comment réagir face à la menace ou au danger par exemple. A titre d’illustration, la tristesse ne nous dit-elle pas que nous avons besoin d’un temps d’arrêt pour penser/repenser une situation ?

    Si elles relèvent de la sphère personnelle, la plus part du temps on fait tout pour refouler les émotions, elles nous dérangent car elles interrogent notre intime. Pourtant, les exprimer permet de définir le périmètre de nos satisfactions comme de nos peurs, de nos frustrations, de nos colères etc. Accueillir nos émotions est le meilleur moyen de comprendre nos défis ou nos objectifs, que ces derniers soient grands ou petits.

  • Les sacrifices personnels des femmes dans une société en évolution : Entre conditionnements et choix

    La démocratie conjugale est extrêmement récente. En France, les femmes peuvent ouvrir un compte bancaire depuis 1962 seulement. Aussi, les droits à la contraception et à l’avortement sont arrivés encore plus tard. Par conséquent, les rôles sociaux sont encore très divisés entre les hommes et les femmes. Tout cela implique encore des sacrifices personnels, dans leurs choix de vie, pour les femmes.

    Lors de l’émission radiophonique Radioscopie de 1973, Gisèle Halimi, la célèbre avocate qui défendait les droits des femmes lance, en parlant d’avortement, lance « la liberté c’est le choix ». Elle dit avec cette simple phrase que l’avortement est l’acte de liberté par excellence. La preuve en est que lorsque la femme est frustrée de ce pouvoir sur soi-même, elle est capable d’aller jusqu’à l’avortement clandestin susceptible de lui couter la vie. L’interruption volontaire de grossesse est dépénalisée en 1975 par la loi Veil. Cela après la loi Neuwirth de 1967 qui légalise le droit à la contraception. Ces deux dates marquent une révolution dans la détermination des choix personnels des femmes.

    Mais cela veut-il dire que les femmes, aujourd’hui, sont exemptées de sacrifices personnels au cours de leur existence ? Comment cela se traduit-il ?

    L’ambition professionnelle des femmes, un choix sacrificiel ?

    Dans les mythes, le sacrifice, c’est la séparation du vivant et de l’au-delà, c’est une dette que l’on doit payer. On peut remonter le destin sacrificiel des femmes, au moins à l’antiquité, avec le sacrifice d’Iphigénie. C’était la fille du roi Agamemnon, sacrifiée à la déesse, Artémis, pour gagner la guerre de Troie. Amenée jusqu’à l’autel sacrificiel, la jeune femme sera sacrifiée. Ce passage discret de l’Illiade laisse cependant son empreinte au cours de l’histoire et dans l’ensemble des mythes. En effet, selon la psychanalyste Anne Dufourmantelle, « la jeune fille éternelle doit d’une certaine façon mourir lorsqu’elle devient mère ». Les responsabilités et la sagesse de l’effacement doivent transcender jeunesse et naïveté. Si les femmes ne sont pas forcément mères, les enfants augmentent le devoir domestique. Ce devoir domestique influe sur la la notion de choix d’itinéraire de vie.

    L’enjeu serait d’aménager son temps pour ne plus avoir de freins à son ambition

    Nathalie Loiseau, est autrice du livre « choisissez tout ». Elle se demande pourquoi les femmes devraient-être dans un principe de précaution pour ne surtout pas déranger ? Elle établit ainsi que les femmes doutent quant à leur légitimité « d’en vouloir ». Ces doutent glissent vers de la culpabilité de ne pas pouvoir se trouver au four et au moulin. Aussi, on n’a pas appris aux femmes à oser un certain nombre de choses (ex. faire valoir ses compétences, demander une augmentation, etc.). Et on a pas appris aux hommes à aller vers certains univers (comme la sphère domestique). Ainsi, le débat n’est pas celui des compétences, qui sont les mêmes entre hommes et femmes, mais celui de la gestion du temps. Selon Institut national d’études démographiques (INED), le temps journalier consacré au travail domestique est de 2h00 pour un homme et de 3h26 pour une femme. Le temps plus restreint des femmes implique de faire des choix.

    Le conditionnement c’est ce qui nous fait accepter les inégalités dans la sphère privée

    Ainsi, la question du sacrifice n’est pas à relier à l’autocensure des femmes. En effet cela sous-entend que c’est notre faute, elle est plutôt à relier à notre conditionnement. En effet, une multitude de lois ont été promulguées quant à l’égalité professionnelle, alors que ce qui manque c’est le culturel. Ce qu’il manque c’est la prise en compte par le conjoint, l’employeur, le politique de ce conditionnement et de ces inégalités entre sphère domestique et sphère professionnelle. Par conséquent, certains choix peuvent être radicaux comme le refus du couple, ou le refus de maternité. Dans notre société, ces choix sont encore sulfureux.

    …Peut-on vraiment être la super héroïne que l’on voit sur les réseaux sociaux ?

    Face à cela, on assiste sur les réseaux sociaux, ou dans les livres à une certaine idolâtrie d’une forme de maternité, exigeante, difficile, nécessitant d’y passer beaucoup de temps. Par exemple, promotion de l’allaitement prolongé, du cododo, de ne jamais laisser l’enfant pleurer…tout cela veut dire peu dormir. Face au risque du modèle de la superhéroïne, mère accomplie et professionnelle insérée, se pose la figure de la femme célibataire et/ou sans enfants. Cette dernière, qualifiée de « vieille fille » ou « femme à chat » est encore marginalisée. Il y a là encore un conditionnement social, celui du modèle du dévouement et de la discrétion.

    La « liberté c’est le choix » effectif de pouvoir composer avec la réalité

    Le mythe de la superhéroïne joue sur le fait que les femmes sont tiraillées entre leur accomplissement personnel et leurs devoirs de femme, d’épouse, de mère, de salariée. Elles seraient censées tout concilier. Or, des choix sont souvent à faire. Surtout lorsque l’on sait qu’une infime partie des ménages, les plus aisés, disposent d’une aide conséquente pour la garde des enfants par exemple. Si un bon état d’esprit aide à concilier les responsabilités, le meilleur mindset n’aide pas à consoler bébé qui pleure. Surtout pendant que l’on prépare la réunion du lendemain, tard le soir, et que papa finalise déjà les budgets clients à rendre avant la deadline annuelle. Le choix des responsabilités revient donc souvent aux femmes.

    Tout commence par l’éducation, les femmes sont souvent habituées à douter de leur légitimité à vouloir et à oser certaines choses. En effet, on a souvent du mal à faire valoir nos compétences et à gérer notre temps entre la sphère domestique et la sphère professionnelle. Ce conditionnement social est également à l’origine de l’idolâtrie sociale de certaines formes de maternité exigeantes. Ces shémas imposent des sacrifices personnels importants. Face à cela, la figure de la femme célibataire et/ou sans enfants est encore marginalisée. Pour faire avancer l’égalité, il est nécessaire de prendre en compte ce conditionnement et ces inégalités. Il est important de comprendre les choix radicaux que peuvent être amenées à faire certaines femmes. Par exemple, le refus du couple ou de la maternité.

    Tu as des choix difficiles à faire en tant que femme ? Si tu en as, le cœur n’hésite pas à partager ton expérience en commentaire, tu peux choisir le pseudo que tu veux 🙂

  • Marie-Pierre partage son secret pour concilier carrière et vie personnelle en tant que femme : l’égalité dans le couple 

    Marie-Pierre est de ces personnes qui font oublier d’où l’on vient. J’ai ressenti chez elle une grosse capacité à prendre les gens comme ils sont. D’ailleurs, tu verras dans son récit que le mot « égalité » y revient souvent. En la côtoyant un peu j’ai appris que l’on pouvait être franche et sympathique tout en étant dans la maîtrise. C’est donner ce que l’on peut. Marie-Pierre nous offre donc un petit texte autour duquel est venu se greffer sa parole autour de la notion d’égalité dans le couple et d’équilibre dans l’ambition et la réussite professionnelle. C’est énorme.

    « Pose-moi plutôt tes questions, je suis une scientifique moi tu sais » me lance Marie-Pierre avec la décontraction des personnes assurées. Si l’écrit est un exutoire pour certains, la parole canalise les pensées des autres. Alors je tâche de m’adapter tant bien que mal. Si la parole est vive, la pensée de Marie-Pierre est synthétique. Je comprendrai plus tard qu’elle « préfère regarder en avant ».  En effet, après avoir reçu son texte, il me restait beaucoup de questions qui trouveront réponse durant notre entretien.

    J’ai connu Marie-Pierre durant ma formation de coaching. Elle a la parole qui apaise et un parcours professionnel que j’imagine pleins de rugosité. Elle était directrice de la communication pour un grand groupe international. Je me suis dit que cela n’a pas dû être évident de se hisser ainsi au sein du comité de direction. Elle me répondra que les choses devaient se faire ainsi.

    (1/2) Voici ce sur quoi elle a souhaité écrire : « Carrière ou vie personnelle ! En tant que femme, doit-on choisir ?

    L’ambition c’est pouvoir donner le meilleur de soi sur un pied d’égalité

    Lancée bille en tête avec mon diplôme d’ingénieur dans la vie professionnelle, j’avais l’ambition, la détermination de me consacrer à la carrière que j’avais choisie. A cette époque, le fameux équilibre entre vie pro et vie perso n’était pas une question que je me posais, je savais que je devais donner le meilleur de moi-même si je voulais construire ma carrière. Nous avions décidé avec mon conjoint de nous installer dans la région parisienne, seule région qui permettait à chacun de nous de travailler dans les secteurs que nous avions choisis. Nous avions tous les deux des carrières à construire en toute égalité.

    Dans ce début de ma vie professionnelle, il n’était pas question pour moi de sacrifice puisque c’est ce que j’avais décidé et choisi et je m’y consacrais avec enthousiasme !

    …Ainsi qu’organiser et pourvoir compter sur la stabilité du foyer

    Le questionnement est venu avec l’arrivée de mes enfants, là mes priorités se sont inversées car leur bien-être était en jeu et c’était primordial de leur apporter toute mon attention. Il faut dire que pendant cette période, ma carrière a un peu ralenti mais sans l’impacter durablement. Nous avons dû nous organiser.  J’avais à mes côtés mon joker ! Mon joker c’est mon mari qui s’est impliqué très largement avec les enfants, quand j’étais en déplacement en France ou à l’étranger, pendant les séminaires de plusieurs jours, dans les réunions qui s’éternisaient le soir ! Lorsque mon mari était lui aussi pris par sa carrière, j’avais mon bras droit chez moi, une jeune femme qui entretenait la maison. Elle est restée avec nous 35 ans ! C’était pour les enfants d’une grande stabilité. J’étais rassurée, apaisée sur leur équilibre et je pouvais prendre des missions plus intéressantes pour moi.

    Transmettre son modèle de réussite à ses enfants

    Oui, peut-être ai-je loupé certains moments de complicité avec mes enfants, peut être aussi n’ai-je pas perçu toutes leurs interrogations ? C’est un choix que j’avais fait et mon équilibre personnel en dépendait. Je pense véritablement que lorsque vous vous sentez en adéquation avec vous-même que, par votre organisation, vous vous êtes assuré du bien être des personnes qui vous entourent, les choses se déroulent le mieux possible. Bien sûr il y a eu des moments difficiles tant au niveau professionnel que personnel mais si je me retourne sur ma vie passée, j’ai été soutenue par mon mari et mes enfants, j’ai eu aussi des opportunités intéressantes qui m’ont été proposées et dans lesquelles je me suis épanouie. Je peux dire également que j’ai eu la chance de ne pas avoir connu pour ma famille de graves accidents qui certainement impactent irrémédiablement le cours de votre vie. Je n’ai pas eu à faire de réels sacrifices parce que je vivais ce que j’avais choisi. Le modèle que nous avons mis en place avec mon mari c’est-à-dire une parfaite égalité entre nous à la fois sur le plan des tâches à faire que sur le plan du choix professionnel a été celui que mes enfants ont adopté pour leur vie personnelle. Je pense, le meilleur modèle pour que chacun s’épanouisse.

    Je dirai en conclusion qu’il faut suivre ses envies tout en s’assurant que les personnes qui comptent pour vous sont bien. Soutien, égalité et organisation sont clés, envies et détermination sont des boosters indispensables ; tout cela pour trouver et maintenir son équilibre de vie ! »

    (2/2) Questions

    L’ambition se partage dans le couple ?

    Ce que je retiens de l’entretien qui suivra avec Marie-Pierre, c’est que la notion d’égalité a pétrie son couple dès le début, lorsque la discussion sur la carrière est arrivée. Tous les deux avaient plusieurs choix géographiques et Paris a été le point de conjonctions de leurs projets professionnels. Chacun pouvait ainsi faire ce qui l’intéressait, comme si l’ambition prenait racine dans le dialogue et la coordination.

    « L’ambition, l’envie de grandir dans l’entreprise, elle fait partie de toi »

    Aussi loin qu’elle se souvienne, son père leur disait à ses sœurs et à elle que le plus important était d’être autonome financièrement pour avoir de l’argent. Ceci en cas d’aléas de la vie. Elle mentionne l’intérêt de nourrir son égo, le salaire et les responsabilités qui vont avec.

    Pour Marie-Pierre, l’ambition sera aussi de grandir dans l’organisation. C’est-à-dire de manager des gens, et plus tard d’obtenir des responsabilités à l’international. Elle sera la responsable marketing et communication. L’important est d’être au fait des décisions prises dans l’entreprise. Finalement c’était d’être intégrée dans la stratégie et aux décisions de l’entreprise, elle aura réussi.

    On ne réussit pas sans réseau

    Réussir c’est le retour de ce que tu fais, il est important de donner et de « recevoir des feedback ». En effet, Marie-Pierre me dira que la chance ça se provoque. « Sans que cela soit calculé c’est une question de réseau que tu crées ». Elle apprendra ainsi à ses enfants que le plus important à bâtir c’est le réseau et de l’entretenir. En effet, « un jour où l’autre, les gens se rappellent de toi ».

    La réussite c’est aussi beaucoup de temps

    Marie-Pierre le dit, elle a donné beaucoup de son temps afin de faire le mieux possible pour l’entreprise. Faire le mieux possible pour l’entreprise c’est aussi faire des choses difficiles comme participer à une restructuration salariale de l’entreprise. Elle y a organisé et géré la communication de crise. Ce qui me surprendra c’est qu’elle me dise « je l’ai fait » sur un air que je ne lui connaissais pas. Cela m’a fait l’impression que le devoir bien fait peut ne pas se passer de clivages.

    Après avoir lu et écouté Marie-Pierre, je me dis qu’il y a des choses qui s’expliquent et des choses qui ne s’expliquent pas. L’ambition est un état d’esprit, une fréquence à laquelle nous sommes connectées et qui contribue à modeler nos parcours.

  • Femmes et conflit de valeurs au travail : comment exprimer son mécontentement pour agir sur son quotidien professionnel ?

    J’ai retrouvé une vieille revue de développement personnel qui faisait écho à des discussions que j’ai eu dans mon entourage. Doit-on exprimer son mécontentement au travail ? Cette revenue n’y va pas par quatre chemins. « On doit se changer soi avant de vouloir changer le monde ». J’ai parfois lu que le développement personnel ébêtait ses lecteur.rices, car il nous poussait à éteindre notre colère, nos désaccords. A la lecture de ces lignes, on peut facilement tomber d’accord. Sans être aussi extrêmes que cette revue on peut se demander si faire la paix avec soi-même c’est éviter le conflit et l’opposition ?

    Et que fait-on à sa mesure devant les injustices criantes de la pénibilité du travail ? Quand on sait que 37% des actifs occupés disent qu’iels ne pourront pas tenir leur poste jusqu’à la retraite, quelle que soit la catégorie socioprofessionnelle, comment fait-on pour négocier le quotidien ?

    Les femmes plus souvent soumises au conflit de valeurs au travail

    Elle est passée relativement inaperçue, mais la DARES[1] a publié une étude en janvier 2023 intitulée « Conditions de travail et mixité : quelles différences entre professions, et entre femmes et hommes ? » On y apprend sans surprises que les femmes exercent plus souvent des métiers de service, qui les exposent à des contraintes d’organisation du temps de travail, à des exigences émotionnelles et/ou une faible possibilité de décision. Mais dans les métiers mixtes, et dans les métiers à forte présence féminine ou masculine, les femmes sont les plus exposées à tout type de risque. Elles sont aussi plus confrontées que les hommes aux conflits de valeurs et à un manque d’autonomie et, à durée de travail identique. Cette étude montre qu’elles sont aussi soumises à un travail intense et à un manque de soutien et de reconnaissance. Ces salariées sont exposées à de multiples risques physiques et psychiques.

    Les femmes ont très peu de marge de manœuvre pour gérer le quotidien professionnel donc personnel

    En tant que professionnelle de l’accompagnement, ce que je retiens de ce rapport, c’est que :

    • Les femmes, souvent maîtresses de foyer, ont besoin de pouvoir gérer leurs obligations. Pourtant, elles ont des emplois moins flexibles que les hommes et moins soumis à la possibilité de décision. Or quelquefois, il suffit d’une heure de travail en décalé pour pouvoir se rendre chez le médecin.
    • L’exigence émotionnelle, c’est par exemple devoir faire face à un client en colère. C’est prendre sur soi pour pouvoir le ramener au calme et l’orienter. C’est porter la politique de l’entreprise et ses incohérences possibles devant le client.
    • Le conflit de valeur c’est se demander « qu’est-ce que je fiche là ? », « Je ne serais pas mieux à un autre poste ? »

    Face à ces injustices professionnelles, il est donc nécessaire d’exprimer son mécontentement

    Ce que je vois en tant que professionnelle de l’accompagnement c’est que les femmes gèrent souvent ces situations en entamant un travail sur soi pour pouvoir changer leur monde. J’ai pu sentir la cocotte minute monter en pression et être contactée avant qu’elle n’explose : comment je gère mes nouvelles demandes professionnelles ? Comment je gère le temps en plus que cela demande ? Comment je gère le foyer ? Ou/Et ma vie de femmes dans tout ça ? La question est n’est pas directement celle de l’expression de son mécontentement, mais celle du changement. Et si l’on prenait les choses à l’envers, comment exprimer son mécontentement à sa hiérarchie pour changer son quotidien professionnel ?

    • Pour être mieux écoutée ?
    • Pour envisager l’hypothèse d’un départ dans la douceur ?

    Bref, avant de changer d’environnement, il peut être bon d’agir sur le contexte actuel. Avant de lire ce qui suit, exprimer son mécontentement à sa hiérarchie c’est un peu du politique donc il ne s’agit pas de rentrer en opposition 🙂

    Comment exprimer son mécontentement sans opposition ?

    Je te donne la technique : le feedback bien sûr !

    • Dire les Faits
    • Décrire les effets qu’une action donnée a eu sur toi, ton organisation, ton travail
    • Expliquer l’émotion que l’on en ressentit
    • Formuler une demande claire
    • Réfléchir à un plan d’action

    Étape 0 : Amener le sujet

    Énoncer deux faits positifs, le fait négatif et un fait positif

    « Je suis heureuse des nouvelles responsabilités que tu m’as données (1). Merci pour cette marque de confiance (2). Néanmoins, je crois qu’il serait bon de parlais de la gestion des urgences (3) pour que nous puissions continuer à obtenir nos bons résultats et plus (4).

    Étape 1 : Dire clairement les faits en début d’entretien

    Pour faire un feedback, il faut que tu t’appuies sur des faits précis. Par exemple « J’ai noté que tu m’as envoyé des mails urgents à 20h00 le 1er avril, le 20 avril puis le 5 mai ». Le but est que ton interlocuteur.rice ne puisse pas les réfuter ou les balayer d’un revers de main.

    Étape 2 : Décrire l’action qui a posé un problème

    Que se passe-t-il si les choses continuent comme cela ? Ou au contraire, qu’est-ce qui se passe si les choses ne continuent plus de cette façon ? Quel est l’impact éventuellement, négatif ?  Par exemple « il est difficile pour moi de traiter cette action à l’heure indiquée, en dehors des heures de travail. Le risque est de mal gérer le dossier. »

    Étape 3 : Dis ce que tu ressens

    L’émotion vient humaniser le propos, comme pour créer un lien, un contrat moral. Par exemple : « Je me suis sentie impuissante à la réception du mail à 20h00, je me suis demandée comment j’allais gérer le dossier client ». L’émotion souligne ce que cela a comme impact sur toi. Qu’il soit positif ou moins positif.

    Étape 4 : formule ta demande clairement

    Ce qui est important, c’est de faire une demande claire de ce que tu proposes à la personne de continuer à faire ou de faire différemment. Sois clair dans ta demande. « Pour la suite, j’aimerais être informée des urgences plus à l’avance afin que je puisse m’organiser et y répondre au mieux ».

    Étape 5 : Proposer à un plan d’action

    L’important, à la fin d’un entretien de feedback, c’est que toi et taon boss soyez d’accord sur le plan d’action : « Je te propose de m’envoyer les demandes urgentes le matin afin de pouvoir prioriser les actions dans ma journée ».

    Donc faire la paix avec soi-même c’est pouvoir et savoir s’exprimer pour tâcher de changer son quotidien. Le feedback est une technique puissante. Essaye le feedback et s’ils n’entendent pas c’est qu’il est peut-être temps de songer à partir ailleurs.


    [1] Direction de l’Animation de la Recherche, des Etudes et des Statistiques (DARES). C’est « la direction du Ministère du Travail qui produit des analyses, des études et des statistiques sur les thèmes du travail, de l’emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social ».

  • Femmes et ambitions : Les questions à se poser pour atteindre ses objectifs tout en trouvant un équilibre de vie satisfaisant

    Le but de cet article ? Déculpabiliser par rapport à ses envies, ou intentions personnelles. Je le ressens profondément, la vie d’une femme est soumise à beaucoup de dualités : souvent choisir entre vie professionnelle et vie personnelle, entretenir la stabilité du foyer ou se lancer dans une reconversion professionnelle épanouissante. Existe aussi l’inquiétude de ne pas rentrer dans la voie socialement établie. Or, l’ambition dans tout cela, c’est quand on est mue par une cause – quelque qu’elle soit- qui nous touche puissamment et que l’on sait que l’on devra faire des choix nous poussant parfois à sortir des sentiers. Pour résumer, l’ambition peut pousser à faire des choix pas toujours évidents, et c’est en ça qu’elle nous révèle.

    L’ambition c’est de vouloir ardemment réussir dans la voie choisie. Ainsi, il s’agit d’atteindre un objectif auquel on tient beaucoup. Cependant je note que la notion de réussite est propre à chacune :

    • Obtenir une promotion
    • Créer son activité
    • Développer son entreprise
    • Reprendre confiance en ses atouts professionnels
    • Etc.

    L’ambition d’un mode de vie plus sain pour nous

    Et en y regardant de plus près, souvent, le but est de passer du temps de qualité avec les siens, de pouvoir subvenir à leurs besoins, de trouver un équilibre vie professionnelle-vie personnelle, etc. La réussite c’est souvent de trouver un épanouissement. Sphère professionnelle et sphère personnelle sont étroitement imbriquées. En fait, l’ambition c’est de pouvoir formuler ses désirs personnels en oubliant la peur et les injonctions de l’entourage. Être ambitieuse c’est vouloir révéler ses forces. Quels sont les éléments d’une ambition saine ?

    La notion d’ambition est extrêmement personnelle

    Souvent être ambitieuse c’est oublier d’être raisonnable. La raison c’est la voix des autres qui nous dit d’être prudentes, mais ce sont aussi nos petites pensées qui nous disent que l’on ne va pas réussir. Réussir dans ses ambitions nécessite de sortir des schémas préétablis de la réussite et de s’écouter. Cela revient à ne pas confondre prestige et réussite. Si l’envie de prestige peut être une ambition réussie, toutes les réussites ne renvoient pas à la quête de prestige. Le prestige est ce néon extrêmement puissant qui traduit notre quête de reconnaissance sociale. Bref, la notion d’ambition est propre à chacune, à nos aspirations et à notre parcours de vie.

    Le contexte personnel peut faire taire l’ambition professionnelle, notamment pour une femme

    Pour cela il faut avoir le contexte adéquat. L’ambition peut être brisée par le contexte personnel tel que la violence psychologique, domestique ou au travail par exemple. L’ambition c’est comme une plante que l’on arrose et elle naît donc dans un contexte propice. Il faut un terrain fertile. Cela ne veut pas dire que le « manque d’ambition » est voué à durer toute une vie, seulement qu’il y a des moments dans la vie où l’on a d’autres priorités. Ceci parce que l’on est happé par les contraintes ou les évènements du quotidien. Par exemple il est rare qu’une maman qui vient d’accoucher pense à sa prochaine promotion professionnelle, à ce moment-là son ambition personnelle, celle qui prend le dessus, sera le bien-être de son nouveau-né. Le désir d’ambition traduit un désir de franchir un nouveau palier dans la vie professionnelle notamment.

    L’ambition des femmes est encore tabou, on échange peu dessus

    Une étude menée par Professionnal Women’s Network en 2018 établit que les femmes déclarent avoir l’ambition, et ceci, autant que les hommes : 88% des femmes (91% des hommes). Cependant, les femmes légitiment davantage l’ambition pour les hommes que pour elles-mêmes. En effet 64% des femmes pensent que c’est un moteur très important pour la carrière des hommes, alors qu’elles sont seulement 38% à déclarer l’ambition moteur très important pour la carrière des femmes. C’est presque deux fois moins ! C’est à se demander si l’ambition des femmes n’est pas un tabou social, et/ou personnel.

    Il faut oser en parler !

    Cependant, elles déclarent ainsi unanimement à 73% que les femmes ne sont pas assez ambitieuses, mais peuvent établir ce qui leur manque pour développer leur ambition :

    • Confiance en soi (56%)
    • Assertivité (oser 50%, savoir m’imposer 35%),
    • Réseau (42%) et
    • Mentor (34%)

    Pour résumer l’ambition, c’est la confiance en soi et elle nécessite d’aller vers l’autre, de se construire les relations qui nous ressemblent.

    En somme, l’ambition professionnelle est un moteur puissant qui pousse les femmes à atteindre leurs objectifs et à trouver leur épanouissement. Mais la réussite est subjective, et propre à chacune. Il est donc essentiel de se fixer des objectifs qui correspondent à nos aspirations profondes, et de ne pas se laisser influencer par les attentes de notre entourage ou de la société. En travaillant sur nos peurs et en formulant nos désirs personnels, nous pouvons trouver l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, et atteindre la réussite qui nous correspond vraiment. La clé de l’ambition, c’est donc de rester fidèle à soi-même. La dernière clé de l’ambition c’est de savoir la cueillir, au moment où elle se présente.

    Pistes de réflexion

    Je te propose dans ce billet d’explorer les pistes de réflexion quant à ton ambition, le temps du bilan est en effet nécessaire pour se poser les bonnes questions.

    • Y a-t-il des possibilités de progresser dans mon environnement actuel ? Ces possibilités de progression m’animent-elles ?
    • Mon projet est-il raisonnablement compatible avec mon organisation personnelle et celle de ma famille ?
    • Suis-je prête à revoir l’équilibre de mon organisation personnelle pour donner vie à mon projet ?
    • Que me manque-t-il et où trouver les ressources pour réaliser mon projet ?
    • De combien de temps je dispose pour réaliser cet objectif ?
    • Quels sont mes objectifs à long terme ?

    Ces questions permettent d’opérer le changement dans la douceur

    Ces questions abordent :

    • La technique des petits pas : un petit changement peu avoir de grands effets. En effet, il peut parfois être dangereux de tout bouleverser, sans avoir pensé aux conséquences pour soi, comme pour les siens. Un changement peut se faire dans la douceur.
    • On peut aborder la question du changement de plus grande ampleur mais avant cela, il faut travailler sur ses valeurs…Qu’est-ce qui me donne le cap ?
    • Le changement ne se fait pas sans un inventaire de ses ressources et celle qui nous sont nécessaires. Ces éléments seront utiles à un « plan d’action ».
    • Enfin, la temporalité est nécessaire lorsque l’on se fixe un objectif : en combien de temps puis-je réaliser mon ambition ? Combien d’heure je m’accorde par semaine à la réalisation de cet objectif ?

    Il est important de définir des étapes claires pour atteindre ton objectif et réaliser ton ambition. Cela te permettra de voir ta progression et de rester motivée tout au long du processus.

    En résumé, pour atteindre ses objectifs, il est important de bien se connaître, de prendre en compte ses contraintes afin de respecter son rythme. Il est donc important de faire un bilan de ses forces et faiblesses, de ses ressources et contraintes pour pouvoir élaborer un plan d’action réaliste et adapté à sa situation. Ensuite, tout l’enjeu est de se fixer des objectifs clairs et réalisables à court, moyen et long terme. Il est important de définir des étapes intermédiaires pour ne pas se décourager et pouvoir mesurer ses progrès. Il est également important de se fixer des délais pour éviter de procrastiner et se donner une motivation supplémentaire.

  • Le pouvoir du réseau professionnel pour les femmes : briser les barrières et atteindre l’égalité en entreprise

    Parlons évolution et réseau professionnel. Dans la vie, il y a les belles et vraies rencontres, et celles qui nous laissent une impression de fadeur. Dans le milieu professionnel c’est un peu pareil, certaines rencontres nous marquent et d’autres nous laissent de marbre, pourtant on doit obligé.es de collaborer. Unir ses forces au travail ne veut dire que l’on va nouer des liens, ou même faire cet effort. Alors que 80% des offres d’emploi ne sont pas publiées, le réseau professionnel est généralement décrit comme important pour trouver un emploi ou étendre son influence professionnelle. Il permet d’ouvrir les opportunités commerciales quand on entreprend, mais aussi d’être dans les « petits papiers » pour une promotion.

    Or les femmes ont un réseau professionnel moins étendu que celui des hommes et elles ne représentent que 20% des dirigeants des Petites et Moyennes Entreprises (PME) et Entreprises de Taille Intermédiaire (ETI). Le réseau professionnel semble un élément nécessaire, or, un réseau moins développé des femmes par rapport aux hommes n’est -il pas à l’origine de ce fossé ?

    Pourquoi un article sur le réseau professionnel ?

    Ça y est, toi qui fonctionnes principalement à la confiance et à l’affect, tu sens poindre le doute ? Le but de cet article n’est pas de te transformer en « socialite » (et pourquoi pas d’ailleurs !) mais de prendre conscience ensemble où le bât blesse pour les femmes, quand elles doivent développer un réseau. Si tu es concernée, le but est de prendre conscience des modes de fonctionnement fréquents et de poser la première pierre d’une démarche relationnelle construite…parce qu’aujourd’hui, le réseau bénéficie principalement aux hommes.

    Qu’est-ce qu’un réseau au juste ?

    En entreprise tu entends souvent « je ne connais pas les bonnes personnes », dans l’entrepreneuriat c’est « je me sens seule ». Le réseau, ce ne sont pas seulement les contacts directs, c’est aussi les contacts de ses contacts. Il est composé :

    • Du cercle de confiance : les proches
    • Du cercle de services mutuels : personnes à qui je peux rendre et demander service
    • Le cercle de connaissance : personnes rencontrées au moins une fois et avec qui je peux essayer de renouer si besoin
    • Cercle élargi : personnes qui appartiennent au même réseau structuré que moi (association, réseaux académiques, etc.)

    Bref un réseau est un cercle de connaissances plus ou moins proches sur lequel on peut compter, notamment sur le plan professionnel.

    Une étude sur le sujet en date de 2015 et a été réalisée par le cabinet de conseil Boston Consulting group + HEC au féminin + IFOP. Selon celle-ci, seuls 15% des cadres déclarent que le réseau est le fruit d’une démarche construite. Le réseau se construirait donc essentiellement selon les rencontres et les opportunités. On en déduit que le réseau marche avant tout à l’humain, il n’est pas froid et mécanique. Tisser des liens reste important pour la vie professionnelle.

    Les réseaux ont un bénéfice, or, les femmes ont un cercle de connaissances plus restreint que les hommes

    Le réseau, a néanmoins des avantages. Les bénéfices du réseau professionnel sont nombreux pour l’obtention d’un poste par exemple : recommandation, conseil, obtention d’information, et visibilité. Cependant, toujours selon cette étude, les femmes ont un réseau moins étendu que les hommes.

    Si pour la majorité des répondant.es à l’étude, cela implique un effort de construire un réseau, son utilité fait consensus. Aussi établir un réseau professionnel s’apprend, et des critères essentiels sont nécessaires :

    • Avoir confiance dans la personne (92%)
    • Avoir un bon feeling avec la personne (89%)
    • Savoir que l’on peut solliciter la personne pour un service, ou un conseil (88%)

    Les leviers identifiés d’un bon réseau

    Les raisons d’un réseauLes bénéfices d’un réseau
    Le plaisir d’échanger
    De rendre service
    De s’ouvrir à de nouveaux sujets, car cela peut donner des idées
    Cela permet de se sentir reconnu et soutenu
    Être recommandée
    Bénéficier de conseils de la part de professionnels
    Obtenir des informations sur le secteur d’activité ou l’entreprise
    Être en contact avec des partenaires
    Bénéficier d’une visibilité
    Leviers d’un bon réseau professionnel

    Toujours, selon cette étude, pour les femmes, le réseau est un cercle restreint entièrement de confiance, alors que pour les hommes, c’est un cercle relativement large de personne à qui l’on peut demander un service. Pour les premières il y aurait ainsi une notion d’affect, alors que pour les autres, l’approche serait plus pragmatique.

    Les femmes exclues des réseaux traditionnels

    Selon la professeur de management, Christina Constantinidis, les femmes se retrouvent souvent exclues des old boy’s networks (réseaux d’hommes) influents, historiquement construits par et pour les hommes. Les freins identifiés sont

    • Le manque de temps lié aux responsabilités familiales,
    • Le manque de crédibilité,
    • Le coût financier
    • La distance géographique, et,
    • Le manque d’information.

    Des facteurs individuels peuvent accentuer ces difficultés, notamment l’âge, l’origine ethnique, l’éducation et l’expérience professionnelle antérieure. Bref, pour résumer, les réseaux d’affaires en France sont traditionnellement l’affaire d’hommes plutôt blancs cisgenres.

    …Les choses changent

    Depuis les années 2010, les réseaux de femmes se développent. Le but, apporter une plus grande visibilité professionnelle aux femmes et briser le plafond de verre ensemble et se libérer des conditionnements. La plupart des réseaux s’adressent aux entrepreneuses, mais il s’agit de faire changer les mentalités.

    • Les Pionnières est un réseau d’incubateurs et de pépinières pour les entreprises innovantes ;
    • Professional women’s network, Leur ambition est de favoriser le développement des carrières des femmes cadres et dirigeantes grâce à du networking, à des ateliers, ou du mentoring.
    • Action ‘elles pour adhérer, il faut être entrepreneure et vouloir se verser un salaire grâce à la pérennité de son entreprise ;
    • Femmes Entrepreneurs organise tout au long de l’année des évènements gratuits à destination des dirigeantes et futures créatrices d’entreprise ;

    Il y en a plein d’autres. Le but est d’aller vers le réseau où l’on se sent à l’aise. Le tout est de participer à quelques évènements et de comparer 😉

  • Trouver sa « boussole du leadership » : être soi pour inspirer les autres

    Une personne que j’accompagnais m’a dit « je ne m’imagine pas autrement que maman ». Elle avait peur de ne pas avoir de passions et se demandait comment elle pourrait partager son enthousiasme avec ses équipes. Il s’agissait d’affirmer son leadership, c’est-à-dire de se retrouver en tant qu’individu, de communiquer et de trouver le message qu’elle souhaitait faire passer. Non, le leadership n’est pas un gros mot car il nous interroge sur ce point : comment communiquer et partager mes idées.

    J’ai connu des « situations SOS » en coaching. Celles de femmes exposées à la charge mentale du foyer, et qui nourrissent l’envie de projets vers l’extérieur. Je te propose un billet déculpabilisant et ludique. Le leadership c’est inspirer les autres, dans la vie personnelle comme professionnelle. La question souvent posée est faut-il nécessairement une passion pour cela? Alors je te demande en retour, et si t’exprimer suffisait? Quelques astuces de coaching dans ce post pour respirer.

    Porter ses idées c’est sortir la tête de l’eau

    On se pose ces questions quand on sent que les choses nous échappent. En effet, il y a des moments dans la vie où l’on a du mal à définir ses priorités, on se sent comme plongée dans les obligations du quotidien sans pouvoir sortir la tête de l’eau, bref, on est que le fantôme de soi-même. Cela arrive surtout en en moment de charge mentale. Une fois qu’un sort la tête de l’eau comment penser et prioriser ses nouveaux projets? Comment faire adhérer à ses idées ? Identifier sa boussole du leadership c’est le début d’un travail sur soi pour pouvoir identifier les projets avec lesquels nous sommes raccords.

    Savoir qui l’on est, c’est savoir ce que l’on souhaite

    En effet, une des garanties de l’efficacité du leadership est l’authenticité, c’est-à-dire rester fidèle à sa personne, à ses valeurs, à ses expériences. Cela permet de partager ses valeurs et sa vision morale et éthique. Bref il faut que les paroles et les actes collent, et qu’ils inspirent. Tout cela demande d’être alignée entre la pensée et l’action. Par exemple si tu n’aimes pas beaucoup communiquer ou que tu sois réservée, il est fort probable que tu sois mal à l’aise dans ton rôle d’animatrice, et cela les autres le ressentiront. Tu ne dégageras pas l’énergie adéquate pour faire la promotion de l’évènement, l’animer, et tisser des liens avec des personnes. Or, le leadership c’est connecter les gens à une vision et des valeurs profondes.

    Aussi,en accompagnement, le travail sur le leadership est profond et prend du temps, car ce n’est pas toujours évident de se reconnecter avec qui l’on est, et ce que l’on souhaite oser accomplir. Cependant, je t’invite à trouver ta boussole de leadership.

    La qualité n°1 est l’introspection : « connais-toi toi-même »

    Prends un joli cahier et consignes-y bien les réponses à ces questions, prends plusieurs jours nécessaires

    • Quelles sont tes valeurs cardinales, celles qui guident tes actions au quotidien ?
    • Y a-t-il une personne que tu admires ? Décris ses actions, les causes qu’elle défend, les traits de personnalités qu’elles dégagent, et pourquoi tu l’admires.
    • Repense aux situations où tu as été fière de toi, quel a été le contexte, avec qui étais-tu, qu’as-tu fais ou produis ? Qu’est-ce qui t’a poussé à donner le meilleur de toi-même ?
    • Qu’elles sont les qualités que te donne ton entourage, en quoi reconnaissent-ils avoir besoin de tes services ?
    • Il y a des choses que tu fais qui tu fais oublier les temps qui passe ?

    Maintenant, essaie d’identifier ce qui caractérise tous ces éléments. Le fil conducteur de tes réponses est-il :

    • Le courage
    • L’empathie
    • La soif de connaissances
    • La sagesse
    • Ton sens de l’esthétique
    • L’humanité
    • Etc.

    Le tout est de pouvoir identifier la valeur principale qui guide tes actions, celle qui te donne le nord.

    La qualité n°2 est l’extrospection : communiquer ça commence avec soi-même !

    Communique sur tes valeurs, sur ce qui te fait vibrer, sur tes aspirations. Pour cela rien de mieux que de rédiger un manifeste, qui est un écrit par lequel, tu prends l’engagement de respecter tes valeurs au quotidien.

    Qui suis-je?

    Le but du jeu est de te parler comme dans un livre ouvert. Pour te simplifier le travail, je te donne la trame. Complète les mots en gras par des phrases qui te parlent. Là aussi prends le temps de faire l’exercice au mieux, pour qu’il te parle.

    Je me présente à moi-mêmeJe prends des engagements envers moi-même
    Mon nom estJe suisTous les joursJe crois enJe travaille àJe suis intéresséeJe pense queLa clé estJe mets au défisN’oublie jamaisLibère toiApprendChoisisN’arrêtePrendsEngage-toiCrééOublieQuestionneAllonsChangeonsAyonsProfite … 
    Se connaître pour mieux prendre des engagements

    Comment j’aimerais me présenter aux autres : ce à quoi j’aspire

    A titre d’exemple, voici mon manifeste 😉

    « Mon nom est Annabelle

    Je suis une coach professionnelle certifiée et concernée par l’équité hommes-femmes

    Tous les jours je tâche de briser le plafond de verre, à ma manière, en aidant les projets à éclore

    Je crois en la bienveillance, la solidarité et la pugnacité

    Je travaille à faire de la mixité une réalité concrète

    Je suis intéressée par les trésors d’imagination que nous pouvons déployer

    Je pense que la vie est à propos des petits pas qui bout à bout nous font avancer grandement

    La clé est de prendre conscience de son grain, de son potentiel

    Je mets au défis de révéler la femmes puissante que tu es

    N’oublie jamais que tes rêves te donnent le nord

    Libère toi de la peur de mal faire

    Apprend à te concentrer sur le petit bout de toi que tu aimerais faire connaître au monde

    Choisis toujours de t’écouter

    N’arrête jamais de te questionner

    Prends soin de toi comme des autres

    Engage-toi à te libérer de tes peurs, chaque jours un peu plus,

    Créé la joie que tu auras pétrie à ta manière

    Oublie les blessures du passées mais pas leurs leçons

    Questionne le champ des possibles

    Allons loin des stéréotypes

    Changeons les perceptions

    Ayons l’esprit d’équipe

    Profite de chaque étape de ton processus d’éclosion »

    Bref, se connaître soi et ses aspirations suffit, pas besoin de passion pour inspirer les autre, sois ta propre boussole.

    J’espère que cet exercice t’aidera à y voir plus clair avec toi-même ! Profite bien de ce moment pour toi et n’hésite pas à compléter l’exercice par celui du bocal de confiance.

  • Le « leadership féminin » est réducteur pour les femmes

    Parler de leadership féminin est réducteur pour les femmes car répond aux stéréotypes de genres.

    • Les hommes sont forts, dominants et affirmés
    • Les femmes sont gentilles, amicales et portent attention aux autres

    Ça, c’est ce que l’on appelle des stéréotypes de genres. À titre d’exemple, la psychologue et enseignante Évelyne Daréoux note que les personnages masculins sont plus présents et plus visibles que les personnages féminins. Ainsi, ils sont plus nombreux que les personnages de sexe féminin, que ce soit dans les titres des ouvrages (78 % vs 25 %), dans les couvertures (78 % vs 48 %) ou dans les illustrations. Ils occupent aussi les rôles principaux, alors les personnages féminins occupent davantage les rôles secondaires : à titre d’exemple, 83 % des pères occupent le rôle du héros contre 17 % des mères[1].

    On note alors que les femmes et les hommes ne sont pas socialisés de la même façon. On attend d’eux des stéréotypes et des rôles de genres qui expliquent qu’ils ne se comportent pas de la même manière. Ceci a des répercussions sur la représentation qu’ils ont de leur leadership. En effet, selon la représentation commune, le leader est une personne charismatique, visionnaire, confiante et qui inspire les autres…rôle de genre attribué aux hommes.

    Depuis quelques années apparait cependant le terme de « leadership féminin ». S’il a l’avantage de pointer du doigt que, oui, l’ambition existe chez les femmes, ce terme, « leadership féminin », n’est-il pas réducteur pour les femmes elles-mêmes ?

    Le défi des femmes : briser le plafond de verre

    Marion Darrieutort[2], fondatrice et CEO de THE ARCANE, ainsi que co-présidente d’Entreprise et Progrès, estime que « si, dès l’enfance, on cesse de leur mettre dans la tête qu’elles n’y arriveront pas, un jour les femmes seront au moins aussi nombreuses que les hommes à diriger de grandes entreprises multinationales ! ». Cependant, les rôles de genre ont la vie dure et persistent depuis des siècles. Par exemple l’enseignement ménagé a été institué pour les filles en 1882 lors de l’institution de l’école de Jules Ferry. Ce n’est qu’en 1984 que l’épreuve facultative d’enseignement ménager disparaitra du baccalauréat. C’est au moins plus d’un siècle d’institutionnalisation et de transmission de la place des femmes dans le foyer (où elles sont en général plus investies que les hommes[3]). Cette image a bridé aussi son image professionnelle. Les femmes ont un nouveau défi devant elles, briser le plafond de verre professionnel. Le plafond deverre désigne l’accessibilité limitée :

    • aux plus hauts postes d’une organisation
    • à certaines catégories de personnes au sein des entreprises.

    …Car les progrès statistiques des femmes en situation de pouvoir sont à prendre avec précaution.

    La loi dite Copé Zimmermann de 2011 relative à la représentation équilibrée des femmes et des hommes au sein des conseils d’administration et de surveillance et à l’égalité professionnelle impose un quota de femmes dans les instances dirigeantes des sociétés cotées[4]. Cette loi a pu être un tremplin pour les « femmes de pouvoir » ou « futures dirigeantes ». C’est alors que l’on a découvert le terme « leadership féminin », comme si le leadership était genré. C’est dire que le pouvoir est normé et répond à des qualités bien définies selon les genres. Ainsi, le leadership féminin mettrait l’accent sur les qualités et les compétences traditionnellement associées aux femmes. Par exemple, l’empathie, la collaboration, l’inclusion et la communication. On peut lire dans certains articles ou certains ouvrages que les leadeuses féminines sont souvent reconnues pour leur capacité à encourager la participation et l’engagement de leur équipe, à favoriser une culture de travail saine et à promouvoir des résultats durables et à longs terme. Bref elles seraient source de productivité.

    Le « leadership féminin » c’est enfermé les femmes dans la marginalité

    L’approche d’un leadership féminin laisse pointer deux bémols :

    • C’est un concept né pour l’organisation du changement des grandes entreprises, car rappelons que les femmes ne sont que 14% des dirigeants des entreprises non cotées en bourses de + de 50 salariés. Les inégalités d’accès aux postes de direction sont encore bien présentes.
    • C’est un concept très réducteur, car le leadership ne devrait pas être associé à un genre en particulier. En effet, les compétences et les qualités nécessaires pour être un bon leader ne sont pas liées au genre. Elles sont plutôt liées à la personnalité et à l’expérience de chacun.

    Les leaders incarnent des qualités telles que l’empathie, la collaboration, l’inclusion et la communication, et cela, peu importe leur genre. Les femmes ont autant de potentiel que les hommes pour être des leadeuses efficaces et inspirants à part entière, pris dans leur singularité. Il est donc important de promouvoir une culture de travail qui encourage la diversité et l’inclusion. Ceci afin que chacun puisse exprimer son leadership de manière authentique, et efficace. En fin de compte, le leadership est une question de compétences et de qualités personnelles, et non de genre.

    En conclusion, le terme de « leadership féminin » peut sembler positif à première vue, mais il ne fait que renforcer les stéréotypes de genres. Il est important de promouvoir un leadership inclusif, basé sur les compétences et les qualités de chacun. Un premier pas serait de parlait de « leadership des femmes » car nous sommes plurielles.


    [1] Des stéréotypes de genre omniprésents dans l’éducation des enfants

    [2] Pour le dossier « Repenser l’égalité femmes – hommes comme un levier de performance pour les organisations » de The great place to work – 2020

    [3] INSEE, analyse, « Le partage des tâches domestiques et familiales ne progresse pas » – 2020

    [4] Cependant, dans les sociétés non cotées de plus de 50 salariées, les femmes sont très peu représentées puisqu’elles ne représentent que 14% des dirigeants.