• Les sacrifices personnels des femmes dans une société en évolution : Entre conditionnements et choix

    La démocratie conjugale est extrêmement récente. En France, les femmes peuvent ouvrir un compte bancaire depuis 1962 seulement. Aussi, les droits à la contraception et à l’avortement sont arrivés encore plus tard. Par conséquent, les rôles sociaux sont encore très divisés entre les hommes et les femmes. Tout cela implique encore des sacrifices personnels, dans leurs choix de vie, pour les femmes.

    Lors de l’émission radiophonique Radioscopie de 1973, Gisèle Halimi, la célèbre avocate qui défendait les droits des femmes lance, en parlant d’avortement, lance « la liberté c’est le choix ». Elle dit avec cette simple phrase que l’avortement est l’acte de liberté par excellence. La preuve en est que lorsque la femme est frustrée de ce pouvoir sur soi-même, elle est capable d’aller jusqu’à l’avortement clandestin susceptible de lui couter la vie. L’interruption volontaire de grossesse est dépénalisée en 1975 par la loi Veil. Cela après la loi Neuwirth de 1967 qui légalise le droit à la contraception. Ces deux dates marquent une révolution dans la détermination des choix personnels des femmes.

    Mais cela veut-il dire que les femmes, aujourd’hui, sont exemptées de sacrifices personnels au cours de leur existence ? Comment cela se traduit-il ?

    L’ambition professionnelle des femmes, un choix sacrificiel ?

    Dans les mythes, le sacrifice, c’est la séparation du vivant et de l’au-delà, c’est une dette que l’on doit payer. On peut remonter le destin sacrificiel des femmes, au moins à l’antiquité, avec le sacrifice d’Iphigénie. C’était la fille du roi Agamemnon, sacrifiée à la déesse, Artémis, pour gagner la guerre de Troie. Amenée jusqu’à l’autel sacrificiel, la jeune femme sera sacrifiée. Ce passage discret de l’Illiade laisse cependant son empreinte au cours de l’histoire et dans l’ensemble des mythes. En effet, selon la psychanalyste Anne Dufourmantelle, « la jeune fille éternelle doit d’une certaine façon mourir lorsqu’elle devient mère ». Les responsabilités et la sagesse de l’effacement doivent transcender jeunesse et naïveté. Si les femmes ne sont pas forcément mères, les enfants augmentent le devoir domestique. Ce devoir domestique influe sur la la notion de choix d’itinéraire de vie.

    L’enjeu serait d’aménager son temps pour ne plus avoir de freins à son ambition

    Nathalie Loiseau, est autrice du livre « choisissez tout ». Elle se demande pourquoi les femmes devraient-être dans un principe de précaution pour ne surtout pas déranger ? Elle établit ainsi que les femmes doutent quant à leur légitimité « d’en vouloir ». Ces doutent glissent vers de la culpabilité de ne pas pouvoir se trouver au four et au moulin. Aussi, on n’a pas appris aux femmes à oser un certain nombre de choses (ex. faire valoir ses compétences, demander une augmentation, etc.). Et on a pas appris aux hommes à aller vers certains univers (comme la sphère domestique). Ainsi, le débat n’est pas celui des compétences, qui sont les mêmes entre hommes et femmes, mais celui de la gestion du temps. Selon Institut national d’études démographiques (INED), le temps journalier consacré au travail domestique est de 2h00 pour un homme et de 3h26 pour une femme. Le temps plus restreint des femmes implique de faire des choix.

    Le conditionnement c’est ce qui nous fait accepter les inégalités dans la sphère privée

    Ainsi, la question du sacrifice n’est pas à relier à l’autocensure des femmes. En effet cela sous-entend que c’est notre faute, elle est plutôt à relier à notre conditionnement. En effet, une multitude de lois ont été promulguées quant à l’égalité professionnelle, alors que ce qui manque c’est le culturel. Ce qu’il manque c’est la prise en compte par le conjoint, l’employeur, le politique de ce conditionnement et de ces inégalités entre sphère domestique et sphère professionnelle. Par conséquent, certains choix peuvent être radicaux comme le refus du couple, ou le refus de maternité. Dans notre société, ces choix sont encore sulfureux.

    …Peut-on vraiment être la super héroïne que l’on voit sur les réseaux sociaux ?

    Face à cela, on assiste sur les réseaux sociaux, ou dans les livres à une certaine idolâtrie d’une forme de maternité, exigeante, difficile, nécessitant d’y passer beaucoup de temps. Par exemple, promotion de l’allaitement prolongé, du cododo, de ne jamais laisser l’enfant pleurer…tout cela veut dire peu dormir. Face au risque du modèle de la superhéroïne, mère accomplie et professionnelle insérée, se pose la figure de la femme célibataire et/ou sans enfants. Cette dernière, qualifiée de « vieille fille » ou « femme à chat » est encore marginalisée. Il y a là encore un conditionnement social, celui du modèle du dévouement et de la discrétion.

    La « liberté c’est le choix » effectif de pouvoir composer avec la réalité

    Le mythe de la superhéroïne joue sur le fait que les femmes sont tiraillées entre leur accomplissement personnel et leurs devoirs de femme, d’épouse, de mère, de salariée. Elles seraient censées tout concilier. Or, des choix sont souvent à faire. Surtout lorsque l’on sait qu’une infime partie des ménages, les plus aisés, disposent d’une aide conséquente pour la garde des enfants par exemple. Si un bon état d’esprit aide à concilier les responsabilités, le meilleur mindset n’aide pas à consoler bébé qui pleure. Surtout pendant que l’on prépare la réunion du lendemain, tard le soir, et que papa finalise déjà les budgets clients à rendre avant la deadline annuelle. Le choix des responsabilités revient donc souvent aux femmes.

    Tout commence par l’éducation, les femmes sont souvent habituées à douter de leur légitimité à vouloir et à oser certaines choses. En effet, on a souvent du mal à faire valoir nos compétences et à gérer notre temps entre la sphère domestique et la sphère professionnelle. Ce conditionnement social est également à l’origine de l’idolâtrie sociale de certaines formes de maternité exigeantes. Ces shémas imposent des sacrifices personnels importants. Face à cela, la figure de la femme célibataire et/ou sans enfants est encore marginalisée. Pour faire avancer l’égalité, il est nécessaire de prendre en compte ce conditionnement et ces inégalités. Il est important de comprendre les choix radicaux que peuvent être amenées à faire certaines femmes. Par exemple, le refus du couple ou de la maternité.

    Tu as des choix difficiles à faire en tant que femme ? Si tu en as, le cœur n’hésite pas à partager ton expérience en commentaire, tu peux choisir le pseudo que tu veux 🙂

  • Comment j’ai appris à aimer mes cheveux naturels : Mon retour au naturel et ma découverte identitaire

    Voir ma fille souffrir, pleurer à cause de la douleur liée aux cheveux réveilla le trauma de la petite fille en moi. (…) Le même schéma se répétait donc et pour moi c’était hors de question.

    Tes cheveux sont trop durs !

    Tes cheveux sont trop secs !

    Tes cheveux sont trop touffus !

    Tes cheveux sont trop … Je te laisse compléter la longue liste.

    Avec ça, comment ne pas nourrir le rejet de cette magnifique nature de cheveux naturels/crépus/afros/texturés ?! Nous reviendrons à cette question par la suite.

    Quand j’étais enfant, je DÉTESTAIS mes cheveux ! Oui, je les détestais littéralement parce qu’ils me faisaient extrêmement souffrir. Le moment de la coiffure c’était un calvaire, j’en ai gardé d’horribles souvenirs sans exagérer. Mais ça, c’était avant ! Aujourd’hui j’ADORE mes cheveux. Je les adore tellement que je rêve d’un monde où tous les afros descendants ADORENT leurs magnifiques cheveux.

    À travers les lignes suivantes, je voudrais partager avec toi le cheminement qui m’a conduit à cela.

    La douleur des coiffures, un véritable trauma de l’enfance


    Nous allons commencer par remonter le temps. J’ai en tête l’image de cette petite fille assise entre les jambes de sa maman, sa tata ou la coiffeuse. Son corps est immobilisé entre les jambes de celle qui la rend « belle » à travers une jolie coiffure. L’objectif est simple, qu’elle bouge le moins possible malgré la douleur qu’elle ressent sur son crâne. Snif

    Pour moi, cette douleur représente un véritable trauma d’enfance. Un trauma qui m’a emmené à me dire depuis mes 7 ans que jamais mes enfants ne souffriraient pendant les moments de cheveux. Malheureusement, j’ai échoué à cela. ☹  Je t’en dis plus successivement.

    Pour pallier cette douleur récurrente, une solution a été trouvée : le défrisage !

    Je me souviendrais toujours de ce dimanche après-midi où ma sœur ainée a eu la bonne idée de me défriser les cheveux afin qu’ils soient plus « faciles » à coiffer. Le soleil était à son zénith ce jour-là, le vent soufflait légèrement, faisant danser les feuilles du goyavier que nous avions dans notre cour avant. Elle me présenta cette boîte contenant le Graal pour mes cheveux selon elle. Dans la boîte il y avait : un pot coloré, une notice d’utilisation qu’elle ne prit pas le temps de lire, une paire de gants transparents pour se protéger les doigts et une sorte de spatule pour appliquer le produit sur mes cheveux. Lorsqu’elle ouvrit le pot, il s’en dégageait une forte odeur de produits chimiques.

    Clairement, rien qu’à l’odeur nous aurions dû deviner que ce truc serait nocif… Contrairement à tout ce que tout le monde pouvait en dire.  

    La phase de l’application arriva et ma sœur bienaimée fit de son mieux pour se dépêcher afin d’éviter que le produit ne « brûle » mes cheveux et mon cuir chevelu. Oui à ce point-là ! En cas de durée d’application trop longue, le défrisant peut conduire à brûler la peau du crâne et faire tomber tous les cheveux du sujet qui s’en sert. Le truc est capable de se transformer en crème dépilatoire si tu n’es pas sage.

    Ça chauffait, c’était douloureux, je n’en pouvais plus, mais ma sœur m’encourageait à tenir bon sinon ça n’aurait pas été efficace vu combien mes cheveux étaient « durs ». L’heure du rinçage sonna et je m’en souviens comme si c’était hier : j’eus l’impression de perdre une partie de moi.

    À cette époque je ne savais pas comment exprimer cette sensation alors je ne dis rien. Mais aujourd’hui je suis convaincue de m’être coupée d’une partie de moi par ce geste désespéré que je qualifie aujourd’hui de rejet capillaire.

    Mais le défrisage est le signe d’un rejet capillaire

    Oui, le rejet capillaire est caractérisé par le fait de ne pas accepter sa nature de cheveux telle qu’elle est. Qu’il s’agisse de la texture, l’épaisseur, la forme et la taille de la boucle ou encore de la densité. Je ne te parle pas de longueur ici, car selon moi, c’est un facteur qui dépend uniquement de soi-même.

    Une fois cette brève sensation de perte identitaire passée, je peux t’assurer que j’étais trop contente de pouvoir me passer les doigts dans les cheveux en commençant par la racine comme des cheveux caucasiens. C’était en effet moins douloureux lorsqu’il s’agissait des tresses cependant ce qu’on ne m’avait pas dit, c’est qu’il aurait fallu vivre cette expérience tous les deux mois environ. Au bout de quatre mois j’en ai eu marre et je me fis couper les cheveux. Ma maman en fut CHOQUÉE, attends-je te raconte l’affaire dans le détail ahahahahahaha

    Pour reprendre le contrôle : « je veux les couper super court, limite la boule à zéro. »


    Je suis en classe de sixième, ma voisine vient de perdre son grand-père et selon la tradition, tous les petits enfants doivent se raser le crâne. Étant en pleine adolescence pour elle c’est hors de question, comment se départir de ce qui symbolise sa féminité ? Elle est en larme, elle ne veut pas aller au coiffeur. Elle pleure plus pour ces cheveux que pour son papi, elle ne comprend pas pourquoi elle doit subie cette injustice (selon elle hein).

    Pour l’encourager à sauter le pas, mais surtout lui éviter une fessée mémorable, je décidai d’aller avec elle en lui disant ceci : « si tu paies ma coupe, je t’accompagne et je me fais couper les cheveux en premier pour que tu réalises que ce n’est pas si grave. Ce ne sont que des cheveux au final, ils repousseront ne t’en fais pas. » Elle accepta et c’est ainsi que pour la première fois je pris une décision personnelle concernant mes cheveux : « je veux les couper super courts, limite boule à zéro. »

    Stupeur et incompréhension de l’entourage – les cheveux signes de féminité

    Ce soir-là, je crois que si ma maman n’eut pas de crise cardiaque à cause de moi, elle n’en aura jamais par ma faute lol.

    Maman était choquée de me voir la tête nue, elle en était bouche bée. Quand elle put en placer une, elle me demanda ce que j’avais fait, si quelqu’un m’avait forcé. Je lui expliquai alors que non, que j’en avais marre de tout ça et je voulais juste être tranquille. Elle ne comprit pas sur le coup.

    Heureusement pour moi, mon cher Papa qui avait tout entendu lui fit réaliser à quel point c’était une bonne chose, pour moi, mais aussi pour elle, car ainsi, on ne perdrait plus de temps à me coiffer les dimanches après-midi.  C’est ainsi que j’ai gardé mes cheveux super courts jusqu’en classe de seconde où j’ai commencé à ressentir la pression de la société sur ce fameux symbole de féminité que sont les cheveux.

    Ainsi démarra une saison de défrisage à n’en plus finir, de tresses avec extensions aussi longues et colorées que possible… Tous les deux mois, il fallait y passer pourquoi ? Je ne saurais te répondre si ce n’est faire comme tout le monde… Tous les moyens étaient bons pour cacher mes cheveux naturels. C’est dans cette saison de ma vie que la fameuse croyance : « Il faut souffrir pour être belle » s’ancrât au plus profond de mon être.

    Il faut souffrir pour être belle et remarques déplacées

    On m’a fait penser que c’était normal d’avoir mal lorsqu’on me défrisait les cheveux, ça devait chauffer pour être efficace. Sinon ça n’allait pas « cuire » et j’aurais gaspillé mon argent…

    On m’a dit qu’il fallait que les tresses soient extrêmement serrées pour que mes cheveux « poussent ».

    On m’a dit que c’était normal que je ne puisse pas poser ma tête sur mon oreiller le premier jour des tresses.

    On m’a dit que mes cheveux, dans leur nature d’origine, n’étaient pas assez bien pour que je les porte fièrement.
    Combien de fois ai-je eu droit à : quand est-ce que tu vas te coiffer ? Lorsque j’avais le malheur de laisser mes cheveux respire deux-trois jours.

    Combien de fois ai-je eu des remarques négatives sur mes cheveux lorsque je les présentais tels qu’ils étaient ? Bon aujourd’hui avec le recul j’avoue qu’ils n’étaient pas en très bonne santé étant donné que je ne savais pas du tout en prendre soin.  Mais quand même !!

    Un jour, j’en ai eu marre !

    J’en ai eu marre de noircir le carreau de la salle de bain ainsi que le lavabo de mes cheveux tellement ils se cassaient vu combien ils étaient fragiles.

    J’en ai eu marre de voir mes cheveux s’affiner chaque jour un peu plus à cause de leur fragilité due au calcaire dans l’eau du robinet et au défrisage évidemment.

    J’en ai eu marre de devoir tous les deux mois passer à la case défrisage, car il fallait bien cacher les repousses causées par mes nouveaux cheveux au niveau du crâne. Pourquoi ? Je ne sais pas.

    J’en ai eu marre de simuler de la longueur avec des extensions toujours plus longues, encore plus colorées et plus lisses que jamais. Car selon les standards à l’époque : il fallait que ce soit long pour être beau.

    J’avais en tête le souvenir de la petite fille en moi avec une belle touffe abondante. Après plus d’une année de réflexion, je décidais de repartir à zéro en faisant une boule à zéro. Dans le jardon, cet acte s’appelle un big chop. Pstttt tu n’es pas obligée de faire comme moi. Il y a d’autres solutions.

    À cette époque le mouvement « nappy » commençait à se populariser, j’en entendais parler sans me sentir concernée, car au fond je crois que je ne voulais qu’une chose : me RETROUVER.

    Retour au naturel et revendications identitaires

    Parce que oui, le retour au naturel c’est une revendication identitaire, il permet de renouer avec qui on est vraiment à l’intérieur de soi, car c’est ainsi que nous avons été créées avec cette magique typologie de cheveux versatile.

    Il y a bientôt 10 ans, je retournais au naturel sans aucune conviction. D’ailleurs, j’avais très vite fait de retourner à mes chères extensions qui me permettaient d’être toujours on fleek parce que mes cheveux à eux tous seuls n’étaient clairement pas assez. Je retombais également dans l’inconnu, parce qu’une chose est sure défrisée ou pas, si on n’apprend pas à connaitre cette nature particulière de cheveux, il n’y a pas vraiment de différence en dehors de l’absence de défrisage.

    Pour ma fille j’ai pris la pus belle décision de nos vies : apprendre à connaître nos cheveux

    L’année qui suivit, j’eus ma première fille, Vava.

    Je faisais de mon mieux avec ses cheveux, vraiment. Je faisais quelques soins par-ci par-là, glané sur YouTube. J’essayais de faire attention à comment je touchais ses cheveux afin de lui faire le moins mal possible et malgré tous mes efforts, j’ai échoué.

    Voir ma fille souffrir, pleurer à cause de la douleur liée aux cheveux réveilla le trauma de la petite fille en moi. Et le must ce fut le jour où mon chéri me dit : « vas-y, vaut mieux lui couper les cheveux comme ça elle ne souffrira plus et tu seras moins angoissée et stressée de ce moment… » Exactement ce que mon Papa disait à ma maman 20 ans plus tôt. Le même schéma se répétait donc et pour moi c’était hors de question.

    Hors de question que ma fille rejette ses cheveux comme moi à cause de la douleur.

    Hors de question que ma fille manque de confiance en elle à cause de ses cheveux naturels.

    Hors de question que ma fille n’aime pas inconditionnellement ses cheveux.

    Comment changer cela ? Je ne savais pas, mais ce jour-là, je pris LA décision.

    Je pris la décision d’apprendre. Apprendre à faire autrement en me disant : si elles (les jolies demoiselles avec de magnifiques chevelures sur YouTube) y arrivaient alors pourquoi pas moi ?

    Pour ma fille, ma muse, mon inspiration, je pris une des plus belles décisions de nos vies

    Apprendre à connaitre nos cheveux afin de pouvoir répondre au mieux à leurs besoins. Apprendre à les manipuler, de la bonne manière avec des outils adaptés. Apprendre à les coiffer avec le moins de douleur possible. Me réconcilier intentionnellement avec eux afin de révéler leur potentiel de folie. Apprendre à les aimer, inconditionnellement afin de pouvoir transmettre cet amour de soi à ma descendance.

    Le pari n’était pas gagné. Plusieurs personnes m’ont même dit que je perdais mon temps, car c’était impossible. C’était impossible qu’une Africaine puisse avoir de beaux et longs cheveux naturellement. Toutes ses filles sur les réseaux étaient « mélangées » selon eux. Elles bénéficiaient donc d’une génétique plus favorable.

    Bien décidée à apprendre, je n’en tenais pas compte. Seuls mes objectifs m’importaient à ce moment-là. C’est ainsi que j’ai persévéré malgré tous les aléas rencontrés sur le chemin, je n’ai pas lâché. Les premiers résultats ont été pour ma fille. Cela m’a encouragé en me disant : si j’ai des résultats pour la chair de ma chair alors je peux en avoir pour moi aussi.

    Les cinq étapes du combat du rejet capillaire

    Ce chemin a été un beau chemin de gain de confiance en moi à travers mes cheveux. Aujourd’hui, Le combat du rejet capillaire par lequel je suis passé pourrait être résumé selon les 5 phases suivantes :

    Le déni

    Le déni, je suis en accord avec tout ce qu’on m’a enseigné depuis mon enfance, mais au fond de moi je commence à me poser des questions ; est-ce que le défrisage, les extensions, les tissages et les perruques sont les seules solutions ?

    Le doute

    Le doute, je vois bien toutes ses femmes qui portent leurs cheveux naturels/crépus/texturés, c’est beau, je veux la même chose, mais je me dis que je n’y arriverai pas, ce n’est pas accessible pour moi cependant je veux y croire au fond de moi ;

    Le déclic

    Le déclic

    Le déclic, cet événement, cette action, cette vidéo, ce post, n’importe quoi qui m’emmène à prendre LA décision. Je définis mes objectifs et je PASSE À L’ACTION pour voir le changement s’opérer malgré cela je continue de cacher mes cheveux, cette fois je les cache parce qu’ils sont trop beaux. J’ai tellement peur du regard d’autrui sur mes cheveux que je préfère les cacher ;

    L’acceptation

    L’acceptation, je commence à assumer mes cheveux petit à petit. Je commence à les voir comme un allié et non plus comme un ennemi, un peu comme le temps finalement. Je commence à les porter au naturel beaucoup plus souvent (sans rastas/rajouts, sans greffes/tissage, sans crochet braids, sans perruques …) et à enjoy ses moments, car je me retrouve avec MOI dans mon entièreté et je suis badasse ;

    L’AMOUR ❤️

    L’amour, je kiff grave mes cheveux, je les aime de tout mon cœur et ils me le rendent bien. Il y a des hauts et des bas, mais mon amour ne fait que se renforcer avec le temps. Tu sais, presque comme avec un partenaire idéal. Plus le temps passe et plus la relation se renforce😉

    À quelle phase penses-tu te situer ? N’hésite pas à laisser un petit commentaire ci-dessous pour me faire savoir.

    Aujourd’hui, je suis fière de pouvoir montrer l’exemple à d’autres mamans comme moi.

    Avec l’aide de mes deux filles, je suis fière de pouvoir montrer l’exemple à d’autres enfants pour leur montrer que c’est POSSIBLE ! Ce n’est pas réservé à une catégorie de personnes seulement.

    Je souhaite que nous soyons des modèles afin que d’autres femmes et enfants afros descendants puissent se reconnaitre et ainsi décider de faire le chemin de l’acceptation de soi, de leurs cheveux pour gagner confiance en elles et s’aimer inconditionnellement à travers leurs cheveux.

    Une chose à retenir de cet article serait donc : prendre soin de ses cheveux et de ceux de ses enfants, ça s’apprend. Tu as le choix de décider d’apprendre ou pas, c’est ta décision. Souviens-toi que ton bien-être capillaire et celui de ton /tes enfant(s) dépendent uniquement de toi. L’héritage que tu leur transmettras est aussi entre tes mains.

    Mon objectif n’est pas de t’accabler ou te faire culpabiliser. Mon objectif est de semer la petite graine qui te poussera probablement à la réflexion.

    Parce que l’étape d’après c’est apprendre, s’améliorer et continuer d’aller toujours de l’avant en faisant de ton mieux, car c’est tout ce qui compte.

    Je pourrais de parler de cheveux toute la journée, cependant je vais m’arrêter là pour aujourd’hui. Si tu veux découvrir mon univers, n’hésites pas à venir me rejoindre sur Insta @lily.vava.diva

    Merci de m’avoir lu !

    Prends soin de toi.

    Laétitia

  • Trouver sa « boussole du leadership » : être soi pour inspirer les autres

    Une personne que j’accompagnais m’a dit « je ne m’imagine pas autrement que maman ». Elle avait peur de ne pas avoir de passions et se demandait comment elle pourrait partager son enthousiasme avec ses équipes. Il s’agissait d’affirmer son leadership, c’est-à-dire de se retrouver en tant qu’individu, de communiquer et de trouver le message qu’elle souhaitait faire passer. Non, le leadership n’est pas un gros mot car il nous interroge sur ce point : comment communiquer et partager mes idées.

    J’ai connu des « situations SOS » en coaching. Celles de femmes exposées à la charge mentale du foyer, et qui nourrissent l’envie de projets vers l’extérieur. Je te propose un billet déculpabilisant et ludique. Le leadership c’est inspirer les autres, dans la vie personnelle comme professionnelle. La question souvent posée est faut-il nécessairement une passion pour cela? Alors je te demande en retour, et si t’exprimer suffisait? Quelques astuces de coaching dans ce post pour respirer.

    Porter ses idées c’est sortir la tête de l’eau

    On se pose ces questions quand on sent que les choses nous échappent. En effet, il y a des moments dans la vie où l’on a du mal à définir ses priorités, on se sent comme plongée dans les obligations du quotidien sans pouvoir sortir la tête de l’eau, bref, on est que le fantôme de soi-même. Cela arrive surtout en en moment de charge mentale. Une fois qu’un sort la tête de l’eau comment penser et prioriser ses nouveaux projets? Comment faire adhérer à ses idées ? Identifier sa boussole du leadership c’est le début d’un travail sur soi pour pouvoir identifier les projets avec lesquels nous sommes raccords.

    Savoir qui l’on est, c’est savoir ce que l’on souhaite

    En effet, une des garanties de l’efficacité du leadership est l’authenticité, c’est-à-dire rester fidèle à sa personne, à ses valeurs, à ses expériences. Cela permet de partager ses valeurs et sa vision morale et éthique. Bref il faut que les paroles et les actes collent, et qu’ils inspirent. Tout cela demande d’être alignée entre la pensée et l’action. Par exemple si tu n’aimes pas beaucoup communiquer ou que tu sois réservée, il est fort probable que tu sois mal à l’aise dans ton rôle d’animatrice, et cela les autres le ressentiront. Tu ne dégageras pas l’énergie adéquate pour faire la promotion de l’évènement, l’animer, et tisser des liens avec des personnes. Or, le leadership c’est connecter les gens à une vision et des valeurs profondes.

    Aussi,en accompagnement, le travail sur le leadership est profond et prend du temps, car ce n’est pas toujours évident de se reconnecter avec qui l’on est, et ce que l’on souhaite oser accomplir. Cependant, je t’invite à trouver ta boussole de leadership.

    La qualité n°1 est l’introspection : « connais-toi toi-même »

    Prends un joli cahier et consignes-y bien les réponses à ces questions, prends plusieurs jours nécessaires

    • Quelles sont tes valeurs cardinales, celles qui guident tes actions au quotidien ?
    • Y a-t-il une personne que tu admires ? Décris ses actions, les causes qu’elle défend, les traits de personnalités qu’elles dégagent, et pourquoi tu l’admires.
    • Repense aux situations où tu as été fière de toi, quel a été le contexte, avec qui étais-tu, qu’as-tu fais ou produis ? Qu’est-ce qui t’a poussé à donner le meilleur de toi-même ?
    • Qu’elles sont les qualités que te donne ton entourage, en quoi reconnaissent-ils avoir besoin de tes services ?
    • Il y a des choses que tu fais qui tu fais oublier les temps qui passe ?

    Maintenant, essaie d’identifier ce qui caractérise tous ces éléments. Le fil conducteur de tes réponses est-il :

    • Le courage
    • L’empathie
    • La soif de connaissances
    • La sagesse
    • Ton sens de l’esthétique
    • L’humanité
    • Etc.

    Le tout est de pouvoir identifier la valeur principale qui guide tes actions, celle qui te donne le nord.

    La qualité n°2 est l’extrospection : communiquer ça commence avec soi-même !

    Communique sur tes valeurs, sur ce qui te fait vibrer, sur tes aspirations. Pour cela rien de mieux que de rédiger un manifeste, qui est un écrit par lequel, tu prends l’engagement de respecter tes valeurs au quotidien.

    Qui suis-je?

    Le but du jeu est de te parler comme dans un livre ouvert. Pour te simplifier le travail, je te donne la trame. Complète les mots en gras par des phrases qui te parlent. Là aussi prends le temps de faire l’exercice au mieux, pour qu’il te parle.

    Je me présente à moi-mêmeJe prends des engagements envers moi-même
    Mon nom estJe suisTous les joursJe crois enJe travaille àJe suis intéresséeJe pense queLa clé estJe mets au défisN’oublie jamaisLibère toiApprendChoisisN’arrêtePrendsEngage-toiCrééOublieQuestionneAllonsChangeonsAyonsProfite … 
    Se connaître pour mieux prendre des engagements

    Comment j’aimerais me présenter aux autres : ce à quoi j’aspire

    A titre d’exemple, voici mon manifeste 😉

    « Mon nom est Annabelle

    Je suis une coach professionnelle certifiée et concernée par l’équité hommes-femmes

    Tous les jours je tâche de briser le plafond de verre, à ma manière, en aidant les projets à éclore

    Je crois en la bienveillance, la solidarité et la pugnacité

    Je travaille à faire de la mixité une réalité concrète

    Je suis intéressée par les trésors d’imagination que nous pouvons déployer

    Je pense que la vie est à propos des petits pas qui bout à bout nous font avancer grandement

    La clé est de prendre conscience de son grain, de son potentiel

    Je mets au défis de révéler la femmes puissante que tu es

    N’oublie jamais que tes rêves te donnent le nord

    Libère toi de la peur de mal faire

    Apprend à te concentrer sur le petit bout de toi que tu aimerais faire connaître au monde

    Choisis toujours de t’écouter

    N’arrête jamais de te questionner

    Prends soin de toi comme des autres

    Engage-toi à te libérer de tes peurs, chaque jours un peu plus,

    Créé la joie que tu auras pétrie à ta manière

    Oublie les blessures du passées mais pas leurs leçons

    Questionne le champ des possibles

    Allons loin des stéréotypes

    Changeons les perceptions

    Ayons l’esprit d’équipe

    Profite de chaque étape de ton processus d’éclosion »

    Bref, se connaître soi et ses aspirations suffit, pas besoin de passion pour inspirer les autre, sois ta propre boussole.

    J’espère que cet exercice t’aidera à y voir plus clair avec toi-même ! Profite bien de ce moment pour toi et n’hésite pas à compléter l’exercice par celui du bocal de confiance.

  • La charge mentale des femmes ici et d’ailleurs : le témoignage sensible d’Inaya Ifé

    « Je suis devenue juste une spectatrice de la vie des miens. Là c’est une douleur qui ne pourra sans jamais s’estomper. »

    Inaya Ifé est la belle-sœur d’une amie, elle a 35 ans et vit dans une grande métropole. C’est un prénom d’emprunt. Elle nous raconte sa charge mentale d’une femme à la fois d’ici et d’ailleurs. Venue de Madagascar par amour, elle nous raconte avec humour et pudeur la fierté et le poids de son éloignement, les deux faces de la même pièce, l’attachement aux siens. Comment le déracinement ajoute-t-il un peu plus à la charge mentale d’une femme ?

    Cher journal pas très intime,

    Aujourd’hui je vais te parler d’une situation qui touche beaucoup de femmes, bien que des hommes soient également concernés. Mais on ne va pas se mentir, le sujet que je vais aborder est surtout une problématique qui atteint plus de femmes que d’hommes.

    Par où commencer ?

    Ah oui, peut-être te dire de quoi il s’agit ?

    Mais avant cela, il faut que tu saches, que c’est une personne qui m’est très proche, pour ne pas dire de ma famille 😊, qui m’a demandé d’écrire sur le sujet. Sans quoi, je ne l’aurais jamais fait. Elle me demande de partager mon ressenti, par conséquent mon vécu. Aussi, j’essaie de trouver un moment dans ma journée pour m’assoir et me pencher là-dessus, tout en pensant que je ne vais jamais trouver le temps de faire ça, car j’ai mille choses à faire à côté, qui me semblent « plus importantes » et je ne suis pas non plus forcément inspirée même si le sujet me parle. Je prends sur moi. Allez focus, je me concentre.

    C’est parti ! on va parler de la CHARGE MENTALE.

    En parler c’est bien sûr entrer dans mon intimité. C’est un exercice qui n’est pas évident pour moi. Je partage rarement ma vie privée, surtout lorsque cela implique de mettre en lumière les côtés dont je ne suis pas fière, les parties qui ne sont pas « diffusables » sur les réseaux, car finalement on a l’impression que nous sommes seules dans ces situations de désarroi. Je sais bien que non, mais ce sentiment d’autojugement est tenace.

    La charge mentale une fatigue psychique mais aussi physique

    Il est difficile aussi d’aborder ce sujet sans avoir le sentiment d’incriminer mon conjoint et de lui donner le mauvais rôle qui justifierait mon état. En effet, si je me base sur une des définitions, il s’agirait du « poids psychologique que fait peser la gestion des tâches domestiques et éducatives, engendrant ainsi une fatigue physique et surtout psychique ». Ce serait injuste et surtout absolument faux de dire que je supporte seule toutes ces tâches, car j’ai la chance d’avoir à mes côtés, quelqu’un qui s’implique dans la gestion de notre quotidien.

    …Qui atteint surtout les femmes : exemples

    Néanmoins, malgré cela, il faut croire que ce n’est pas assez. Ce n’est pas moi qui le dis. C’est mon état psychique. 😊 . Mais pour être tout à fait honnête, ma charge mentale n’est pas le résultat seul d’une pensée incessante de l’organisation de notre vie quotidienne, même si je dois quand même rappeler pour la petite parenthèse, que c’est moi qui fait penser à monsieur mon mari qu’il doit appeler sa maman de temps en temps, qu’il n’oublie pas de s’acheter son propre gel douche (oui on ne le partage pas.lol) pour ainsi éviter d’utiliser le lave main en substitution ou encore qu’il anticipe l’achat d’une éponge pour la vaisselle ou de mettre le sac poubelle sur la liste des courses.

    « Anticiper » la vie du foyer comme élément déclencheur de la charge mentale

    Ah oui ! avant de fermer cette parenthèse, et d’exposer l’autre source de cette charge, je veux pointer du doigt l’autre élément déclencheur de ce stress : L’ANTICIPATION. Et oui, ANTICIPER, pour que rien ne manque et que la vie de « tout le monde » soit plus facile et fluide, pour gagner du temps et surtout de ne pas être dépourvu de quelque chose au moment opportun. Cette anticipation est d’autant plus importante et fondamentale (à mes yeux, toujours) depuis qu’on a un enfant. A deux c’est gérable, mais quand on un petit c’est tout à fait autre chose. Exemple typique, le changement de saison. Si on prend la transition hiver/printemps/ été, cela implique que l’on doit anticiper la sortie des vêtements adéquats pour ta progéniture. Il ne suffit pas de les ressortir, il s’agit de vérifier si ses vêtements lui vont toujours, car oui un enfant ça pousse constamment. Je ne parle même pas des chaussures. Tu dois alors t’organiser dans ta journée, entre le travail et ton temps « libre » pour prioriser cette tâche, faire le tri, ranger/stocker les vêtements d’hiver et sortir les vêtements d’intersaisons, car il ne fait pas tout à fait chaud et écumer ensuite les sites et les magasins pour les achats si besoin (et c’est très souvent le cas).

    La solitude face à l’organisation et à l’anticipation de la vie du foyer

    Autre exemple : penser à changer et mettre à laver les draps (housse, couette, taies d’oreiller) et les serviettes de tout le monde. L’anticipation ici se situe au mode et à l’agencement pour le séchage de tout ce fouillis quand on n’a pas de sèche-linge et que l’on vit dans un appart. Les habitants de la maison (je n’inclus pas encore mon fils. Pas encore lol), pensent que leurs lits douillets et qui sentent bons arrivent tout seuls ; finalement comme le dentifrice et les brosses à dents qui sont toujours au rendez-vous, c’est-à-dire neufs et non défraichis.

    Je peux continuer cette liste encore et encore, mais je vais m’arrêter là et fermer cette parenthèse.

    Mettre en lumière les effets de mon bagage familial et culturel

    Je suis originaire de Madagascar, pays où la valorisation de la femme passe avant tout dans sa capacité à pouvoir gérer d’une main de fer sa maison, sa vie de famille, sa position d’épouse et aujourd’hui sa vie professionnelle. Cette dernière est entrée dans la balance relativement tard, car les femmes malgaches jusqu’à, il y a environ 4 décennies, étaient encore nombreuses à être des femmes au foyer. Ainsi, que ce soit au niveau familial et culturel, filles ou garçons, nous avions tous eu cette image et cette vision évidente de la maman qui s’occupe absolument de tout sans rechigner, et si c’était le cas, pas de manière revendicatrice et juste auprès d’amies très proches et encore. Eh oui et encore ! l’esprit de sacrifice et de dévotion pour le bien être de la famille sont considérés comme de grandes qualités chez la femme…mais ça, c’est un autre débat.

    Le modèle patriarcal dans toute sa splendeur, modèle culturel, seul modèle que j’ai connu et qui semblait convenir à tout le monde

    Avec le recul et surtout depuis que je suis maman, je me suis demandé comment ma mère a fait pour gérer ses 4 enfants sans compter les innombrables allées et venues des cousins, cousines, oncles, tantes, l’implication dans les activités de l’église, des kermesses en tout genre, et tout cela en s’assurant que chaque repas soit préparé délicatement par ses soins. Autant dire que la barre a été très haute. Ma mère ne travaillait pas, certes, mais aujourd’hui il est démontré dans de nombreuses situations, ce que représente la charge de travail d’une femme au foyer. La maman est à la fois gestionnaire, coordinatrice, cuisinière, éducatrice, infirmière et j’en passe. Tout ça sans être payée et sans l’aide de l’homme. Eh oui, ce dernier s’assurait de payer les factures et que l’on ne manque de rien. Bref, le modèle patriarcal dans toute sa splendeur, modèle culturel, seul modèle que j’ai connu et qui semblait convenir à tout le monde.

    La charge mentale des femmes un sujet encore tabou

    Cet exemple de ma mère ainsi que de beaucoup de femmes vivant au pays me faisait culpabiliser, car je ne comprenais pas pourquoi je me sentais submergé et pas elles ? Pourquoi les autres y arrivent et pas moi.

    Les réponses à mes questions, je les ai trouvées au fur et à mesure des années, grâce à mes propres expériences, mais aussi à force d’observer et d’écouter celles des autres. C’est surtout ici, dans mon pays d’accueil, la France, que j’ai pu avoir certaines révélations, qui sont finalement tellement évidentes après coup.

    La solitude du couple la raison de la charge mentale et du babyblues en France

    La charge mentale touche énormément de femmes, dans tous les pays du monde, mais à des degrés différents. Il y a des degrés gérables comme chez les femmes malgaches par exemple, et selon les situations, car la pression et le stress sont largement estompés. Si on prend l’exemple de l’arrivée d’un bébé. Jamais auparavant, je n’ai connu de jeune maman malgache qui avait le baby blues. Pour nous c’était un truc de « blanc ». On ne pouvait même pas comprendre pourquoi la femme pouvait être à ce point malheureuse après l’arrivée d’un événement si heureux. Je ne dis pas que le phénomène n’existe pas, mais je ne vais pas m’étaler sur notre manque d’informations et d’éducation à ce sujet, d’autant plus que c’est même presque tabou d’insinuer que l’on est touché par cela. Ici, je me focalise sur la charge mentale qui incombe à la femme dans des situations similaires, mais dans des conjonctures différentes. De mon expérience, en France, une fois maman on devait avec mon mari, gérer seuls notre nouveau foyer, gestion d’un nouveau-né, qui rappelons-le n’est pas fourni avec un mode d’emploi malgré tous les bouquins sur le sujet. Il ne suffit pas de nourrir l’enfant, on continue de vivre aussi à côté. Continuer de faire le ménage, à manger, le linge à laver, qui par ailleurs augmente de manière exponentielle, c’est assez impressionnant.

    L’isolement de la maman c’est se sentir dépassée

    Maintenant, voici le topo, le père a 11 jours de congé paternité, la maman se retrouve ensuite seule avec tout ce changement. La fatigue plus le temps que son corps se remette de l’accouchement. PAS LE TEMPS de penser à tout ça, le bébé faut s’en occuper, la maison pareille, il faut s’en occuper…dans ce cas-ci, même si de prime à bord l’accouchement s’est bien passé et que dans le couple en temps normal tout est harmonieux, rien ne laisse donc présager que l’on va se prendre la tête pour un biberon pas laver. Et bien croyez-moi, ce rien peut faire exploser toute la maison tellement on se sent dépasser. Pourquoi ? Et bien parce qu’on est isolé.

    En France, pourquoi ne pas accompagner les femmes dans les premiers mois suivant l’accouchement ?

    Ici, contrairement à Madagascar, les proches auront plus de mal à aller vers nous, car ils supposent que l’on veut notre intimité durant cette période. Cette réflexion se tient. Mais pour moi qui suis malgache et qui a déjà été témoin et membre active d’une famille qui a accueilli des bébés, je peux te dire qu’accompagner la maman dans les premiers jours suivant l’accouchement et d’aider dans la gestion de la maison, c’est essentiel et même primordial. Je considère même aujourd’hui que c’est un privilège, et un vrai luxe. Certes, on n’a pas l’intimité que l’on revendique ici en France, mais finalement les effets de cette solidarité sont indéniables et flagrants. Les jeunes parents sont mieux disposés pour entamer leurs nouvelles responsabilités. La maman a le temps de se doucher, de se laver les cheveux (la base) et même de sortir avec ses copines, car il y aura une armada de nounous qui sont disponibles à toute heure. D’abord la grand-mère, les sœurs, les cousines et même les copines. Elles sont de confiances et expérimentées. Et oui, car on parle aussi de la transmission du savoir-faire et savoir-être de génération en génération. Anecdote qui m’a fait sourire, une fois que j’avais accouché, ici en France donc, les sages-femmes étaient étonnées de voir mon assurance quant aux gestes que j’avais pour la prise en main de mon nourrisson…merci maman et ma sœur chérie.

    La différence entre Madagascar et la France c’est que les femmes sont entourées, notamment lors de l’accouchement

    Cet exemple post-partum m’a d’autant plus frappé quand j’ai vu une émission à la télé française, qui vantait les mérites des pays d’Europe du Nord, qui mettaient en place un système d’accompagnement pour les jeunes parents après l’arrivée d’un bébé pendant environ 3 mois. Deux sages-femmes se relaient pour aider avec le bébé et la tenue de la maison. Même le ménage était pris en charge par ses personnes.  Si à Madagascar cet accompagnement se passe plutôt dans le cadre familial, dans les pays dits développés, le système est plutôt étatique. L’un comme l’autre, je trouve l’initiative pertinente et d’utilité publique. On s’assure ainsi de la santé mentale des parents et de minimiser leur charge mentale. Je dis minimiser, car de nos jours on ne peut plus vraiment y échapper totalement.

    Mais pour revenir à l’émission que j’ai vue, tout comme les chroniqueurs, je me demandais alors pourquoi cet accompagnement et l’implication étatique ne se généralisent pas partout ailleurs notamment en France. Les bienfaits sont pourtant indéniables. Encore un autre sujet à débattre.

    Je vais bientôt clore ce sujet. Je ne m’attendais pas à avoir finalement autant de choses à dire. 😊.

    La culture d’origine : source de fierté et de charge mentale

    La charge mentale qui m’incombe c’est aussi le devoir que l’on a en tant qu’enfant du pays à aider les siens. Il est pour nous dans l’ordre des choses de contribuer financièrement aux dépenses de nos parents une fois qu’ils sont trop vieux pour travailler et d’avoir des revenus. Ils se sont occupés de nous toute leur vie, alors une fois que nous sommes disposés à « rendre l’appareil » on le fait. La vie étant ce qu’elle est, avec les hauts et les bas, on ne peut cependant pas se permettre d’arrêter d’aider nos proches malgré les bas. La notion de devoir envers nos proches dépasse l’entendement de nos pairs dans les pays occidentaux. On fonctionne comme ça chez nous, on ne peut faire autrement. Au contraire, malgré les difficultés, nous sommes même fières et soulagées quand on peut aider. Mais cela devient une source d’angoisse quand on est en période de traverser de désert comme moi. Fraîchement au chômage.

    La douleur d’être spectatrice de la vie des miens

    Par ailleurs, il y a aussi le fait que je suis devenue juste une spectatrice de la vie des miens. Là c’est une douleur qui ne pourra sans jamais s’estomper. Mais la vie est faite de choix, et chaque choix à ses conséquences. Moi qui ai eu l’habitude d’être avec mes neveux, mes nièces, frère, sœurs, mère, père, etc. D’être là à chaque étape de leurs vies. Aujourd’hui à distance, je ne peux que leur envoyer les cadeaux d’anniversaires, de Noël, totalement dépourvus d’intimité, mais seules manifestations concrètes pour leur signifier que je pense toujours à eux. Le geste est là, mais tout ça, il faut le financer. Donc quand je peux je le fais, mais la frustration est grande, car tu veux pouvoir gâter tout le monde, en même temps.

    La charge mentale quand on vient d’ailleurs c’est aussi me demander si je reverrai les miens en bonne santé

    On essaie aussi de combler ce vide par les appels, mais encore là il est difficile de trouver un moment qui va à tout le monde, décalage horaire, rythme de vie ici et là-bas…on s’envoie plus de photos et vidéos finalement que de moment de discussion par téléphone. Des photos pour voir la vie et l’évolution des uns et des autres avec quelques légendes pour nous tenir au courant des événements.

    La charge mentale c’est aussi cela pour moi. Cette pensée constante à se demander si un jour je reverrai ma grand-mère, le reste de ma famille ou encore une de mes meilleures amies qui est très malade.


    Promis je prends le temps de faire les choses pour moi

    J’ai encore des choses à dire, mais je crois que je vais arrêter là histoire de laisser mon cerveau respirer et de continuer à apprendre à lâcher prise. Plus facile à dire qu’à faire.

    Je vais déjà essayer de programmer une ou deux sorties avec des amis, car cela fait 4 mois que l’on tente de se caler un truc, mais on est tous dans le même bateau 😊 .

    Je vais également prendre un moment pour répondre aux textos que j’ai reçus il y a deux jours et que j’ai mis de côté, car j’ai été distraite par mon fils qui me sollicitait pour l’aider à la construction de son bateau lego.

    Complémentarité n’est pas interchangeabilité des rôles …à méditer!

    Il n’y aura pas de vraie conclusion à ce billet en ce qui me concerne. Trop de paramètres à prendre en compte. Le lâcher-prise et la délégation des tâches tant prônée ne suffiront pas à résoudre la situation. Pendant longtemps je pensais qu’être complémentaire dans la vie commune aurait pu être la solution. Être interchangeable par contre dans nos tâches et dans notre organisation s’avère beaucoup plus efficace. Je sais juste que suite à ce papier, j’ai pu discuter de certains points avec mon conjoint, ça nous a fait rire, réfléchir et nous a permis de mettre les choses à plats.

    Pour ce qui est de ma relation à distance avec la famille et à mon pays c’est un autre sujet 😊 .

    Allez je te laisse !

    Inaya Ifé

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